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Fanfictions

🎄Ce qu’on garde quand tout se calme🎄

Alysia était silencieuse.

 

Pas le silence inquiétant d’avant une bataille.

Un silence d’hiver. Lourd, lent, presque respectueux.

 

Danaël observa la ville depuis la fenêtre de l’auberge. Les décorations luisaient faiblement dans la neige. Tout semblait… normal. Trop normal pour quelqu’un habitué à vivre dans l’urgence.

 

— On ne reste pas longtemps, dit-il sans se retourner. Juste cette nuit.

 

— Évidemment, répondit Jadina en retirant son manteau. Le monde ne peut pas survivre sans toi plus de vingt-quatre heures.

 

Il soupira.

— Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire.

 

— Je sais très bien ce que tu voulais dire.

 

Elle s’éloigna, légèrement vexée. Jadina n’aimait pas ce genre de moment : quand personne n’avait besoin d’elle, quand son statut ne servait à rien. Noël la rendait nerveuse. Comme si, sans éclat, elle risquait de disparaître.

 

Le sapin trônait au centre de la pièce. Pas immense. Pas spectaculaire. Juste… là.

 

— Il est un peu triste, remarqua Gryf.

 

— Comme toi quand tu réfléchis trop longtemps, répondit Shimy.

 

Il haussa les épaules.

— J’aime bien quand c’est simple.

 

Elle la regarda, surprise.

— Tu viens vraiment de dire ça ?

 

— Ouais. J’crois.

 

Shimy détourna les yeux. Gryf était idiot, bruyant, maladroit… mais parfois, il sortait une phrase qui sonnait vrai, sans filtre. Et ça la désarmait plus que n’importe quel discours.

 

Elle commença à accrocher des décorations, méthodique, presque militaire. Gryf l’aida sans parler. Il faisait attention à ses gestes. Pour une fois.

 

— Tu n’es pas obligée d’être parfaite, dit-il finalement.

 

— Je sais.

 

— Non. Tu sais dans ta tête. Mais tu continues quand même.

 

Elle s’arrêta.

— Et toi, tu fais le clown pour éviter qu’on te prenne au sérieux.

 

Il baissa les yeux.

— Peut-être.

 

Ils restèrent là, sans se regarder, mais ensemble.

 

Dans la cuisine, Razzia pétrissait la pâte lentement. Chaque geste était précis, presque doux. Ténébris l’observait en silence.

 

— Tu te caches ici, dit-elle.

 

— Je suis utile ici.

 

— Tu l’es partout.

 

Il sourit faiblement.

— Pas toujours.

 

Elle descendit du plan de travail, s’approcha.

— Tu prends soin de tout le monde. Mais tu ne demandes jamais rien.

 

— Je n’en ai pas besoin.

 

— Tout le monde dit ça. Personne n’y croit vraiment.

 

Il la regarda.

— Et toi ?

 

— Moi… j’aime quand quelqu’un reste, même quand il n’y a rien à réparer.

 

Il hocha la tête.

— Alors je reste.

 

👑 Danaël et Jadina

 

Plus tard, tout le monde dormait déjà.

Danaël était encore éveillé.

 

Jadina le rejoignit, plus calme qu’à l’accoutumée.

 

— Tu détestes Noël, murmura-t-elle.

 

— Non. Je déteste ne rien contrôler.

 

— Tu ne peux pas contrôler les gens.

 

— Je sais.

 

Elle s’assit près de lui.

— Tu fais semblant d’être froid parce que tu as peur que ça te coûte trop.

 

Il la fixa.

— Et toi, tu fais semblant d’être insupportable parce que tu as peur qu’on t’oublie.

 

Silence.

 

— On est pathétiques, conclut-elle.

 

— Peut-être. Mais on continue quand même.

 

Elle posa sa tête contre son épaule. Il ne bougea pas. C’était suffisant.

Dehors, Shimy regardait la neige tomber. Gryf la rejoignit.

 

— Tu sais, dit-il, je comprends pas toujours ce que je ressens.

 

— Moi non plus.

 

— Mais avec toi, c’est moins flou.

 

Elle sourit.

— Tu ne seras jamais subtil.

 

— Tant mieux.

 

Elle attrapa sa main.

— Reste comme tu es. Mais… un peu plus sincère.

 

— Je peux essayer.

 

Ce Noël-là, il n’y eut ni grande déclaration, ni miracle.

Juste des gens fatigués qui acceptaient, pour une nuit, de ne pas être seuls.

 

Et pour les Légendaires,

c’était déjà énorme.