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Fanfiction

Coup de tête

RESUMÉ

Bien qu’étant de l’espèce des piranhis, je ne partageais pas son penchant pour la guerre.

Alors un jour, je partis.

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[OC réalisé il y a longtemps dans le cadre d'un concours. Récit à la première personne et sans aucun accord de genre.]

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Lan est mon nom. Mon seul nom car mon espèce ne s’embarrasse – ou ne s’enrichit, selon notre vision – pas de noms familiaux.

Et bien qu’étant de l’espèce des piranhis, je ne partageais pas son penchant pour la guerre. Plus qu’un désintérêt guerrier, j’étais en fait carrément profondément pacifiste et trouvais désolante cette rivalité avec les elfes.
Je n’avais pas vraiment ma place sur cette île, je n’aimais ni cette culture belligérante ni l’endroit lui-même, triste, morne et impropre à la rêverie. Je passais de longues heures à dessiner dans le sable, ainsi qu’à lire les ouvrages de savoirs que mon peuple possédait sans réelle passion. Les autres piranhis trouvaient assez ridicules ma curiosité et mon intérêt du fonctionnement des choses, matérielles ou non. Pas que c’était fondamentalement inintéressant pour leurs esprits, ni même inutile, mais… c’était qu’il y avait mieux à faire après tout, plus urgent, plus important.

Un jour alors, je partis. Sur un coup de tête, presque. Sans vraiment de difficultés ; les piranhis n’ont pas de famille, pas comme les elfes l’entendent. Et pas vraiment d’amis, étant individualiste, dans une société qui était tout le contraire. Ou plutôt étant solitaire, car l’individualisme en moi n’était dû essentiellement qu’à ce décalage entre nous ; d’autres contextes sociétaux pouvaient me faire apprécier une collectivité harmonieuse, à défaut de me donner un véritable esprit communautaire en soi ; la suite le prouve.

Je ne m’installai pas dans une zone elfique pour des raisons évidentes. Cependant je réussis à me procurer une clef de transport. C’est dans une troupe commerçante d’elfes noirs que je pu l’acheter – les elfes noirs connaissent comme moi la haine des autres elfes, et si cela n’était pas suffisant pour créer un vraie sympathie envers ma personne, le besoin de commerce, ou plutôt de troc, compléta l’affaire. Je ne sais où cette troupe avait pu dénicher des clefs elfiques, objets tout de même rares et quelque peu institutionnels, mais cette problématique ne me concernait pas vraiment.

J'allai donc sur Alysia. Je conservai la clef avec moi, bien que n’ayant pas l’intention d’un jour revenir.
J’évitai les royaumes en alliance avec la nation des elfes, évidemment. Je n’y aurais probablement pas été en danger de mort immédiate, mais savait-on jamais. Il était préférable d’aller vers l’autre côté du globe…

Je parcouru le monde alysien pendant de longues années (les piranhis sont des êtres à l’espérance de vie particulièrement longue comparée à celle d'autres espèces davantage humanoïdes), apprenant plusieurs langues au fil de mes pérégrinations et m’intéressant à toutes sortes de cultures. Mon apparence insolite étonnait souvent, et éveillait la défiance parfois. Mais je parvenais toujours à trouver une population ayant quelques similitudes avec moi ou étant moins traversée que d’autres par la haine de la différence. Je faillis bien souvent risquer ma vie également, bien sûr. Toutefois, si je n’avais pas hérité du goût de mon espèce au combat, j’en avais hérité les aptitudes, la résistance et l’agilité, je pouvais donc m’en sortir chaque fois sans trop de dommages, avec seulement une certaine déception amère.

Un jour j’atterris dans l’Empire de Denaran.
Et je m’y plu.
Empire petit mais néanmoins puissant, il était formé de terres arides et sableuses, sillonnées par de larges et paresseux fleuves à la faune et flore davantage prolifiques.
Habité par des humains pourrait-on dire ; mais pas exactement car ces êtres possèdent deux paires de bras, quatre doigts à chaque main, ainsi qu’une relativement peu dense pilosité. Certains membres pouvaient même se retrouver affublés d'une seconde pair d'yeux.
Si l’apparence de cette espèce peut être étrange, elle ne l’était pas tant à mon regard. Premièrement car j’avais déjà rencontré moult peuples tous différents, et ensuite car lorsque l’on est soi-même une étrangeté partout où l’on va (et même d’où l’on vient, d'une certaine manière), on a tendance à s’assimiler aux autres originalités, d’autant plus quand ces dernières sont la normalité en leur fief.
Et par-dessus tout, la peuplade de cet empire n’était pas de nature à entretenir une grande hostilité. De nature, ou peut-être plutôt de culture, car sa civilisation, son fonctionnement social, étaient particulièrement modernes et ingénieuses. Et malgré son apparence première de territoire stérile et fade, ce pays était étonnamment riche et prospère. Il est à noter que la présence abondante d'eau n'a pas été étrangère non plus à l'acclimatation de mon corps poissonneux.

Lors, le tout rendait cet endroit fortement attrayant pour moi. Rien ne me dérangeait, et mieux, tout m’allait. Je rejoignis la capitale.
Après les premières méfiances et interrogations, le pacifisme et la tolérance de ce peuple me permirent d’entrer assez rapidement à la cour, celle-ci – ses têtes souveraines encore plus spécifiquement – étant curieuse de mon apparence, mon identité mais aussi de mes savoirs. En effet j’avais acquis de solides et précises compétences d’illustration, de cartographie, d’analyse et d’observation. Cela couplé à mes connaissances linguistiques, géographique, archéologiques et ethnologiques obtenues au cour de mes odyssées, je devins une personne recherchée dans les débats intellectuels, et réussis à entrer dans l’université impériale.

Je devins ainsi Cartographe de la Cour, et pu continuer mes recherches avides de connaissances et de savoirs grâce à tous les ouvrages que possédait le palais. Ma place de choix m’offrait aussi la possibilité, ou la responsabilité selon comment l’on observe la chose, de conseiller les têtes couronnées en l’occasion. Occasions de plus en plus courantes, qui me conduisirent, au fil des décennies, à posséder également des compétences politiques et une place pérenne au Haut Conseil Impérial.

À ce jour j’y suis encore, conseillant, avec d’autres gens, les nouvelles personnalités que supportent les trônes (les piranhis vivent longtemps, je le répète).
Mon apparence ou mon espèce ne sont plus un problème ; l’engouement et la suspicion s’étant depuis bien longtemps éteintes autour de moi. Cette civilisation, je le redis, est extrêmement éveillée, accommodante et acceptante ; et nombreuses sont les autres personnes, dans les simples villes jusque dans les couloirs des bâtiments impériaux, à être chacune la seule représentante en ces lieux d’une espèce particulière. C’est un havre de paix, pourrait-on dire de façon un peu… candide.

Je ne sais encore si je partirai à nouveau un jour sur les chemins ou si je continuerai plus volontiers de cheminer intellectuellement dans cette mine de savoirs…
Pour l'instant je me sens bien en cet endroit, mais l’avenir n’est jamais à l’abri de coups de tête, mon histoire l’a déjà démontré.

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capucineg900
Le jeu 08/06/2023 - 14:13

Trop bien !

( J'adore le titre !)

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Laura 🐎
Le jeu 08/06/2023 - 17:50

C'est super bien écrit !

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Jadina@_@
Le jeu 08/06/2023 - 21:57

Quand est ce que se passe cette histoire ?

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theshinyLane
Le ven 09/06/2023 - 09:20

En réponse à par Jadina@_@

Hmm bonne question.

Étant donné que les piranhis sont reclus sur leur île et toujours en guerre contre les elfes, ça se passe avant le tome 4 en tous cas. Et puis avant Jovénia en fait, c'est des adultes.

Je pense pas mal de temps avant les Légendaires. Si le personnage vit très longtemps et a déjà plusieurs plusieurs monarques se succéder... C'est très flou en fait, ça a pu commencer vers CDD comme vers Stories:Shyska, comme encore avant. Faut juste que ce soit assez récent pour que les broches elfiques aient été inventées.

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Nitty.J
Le ven 09/06/2023 - 17:07

Super bien écrit comme toutes tes fanfictions !!✨