Chapitre 2 : Premiers événements sociaux
La cloche annonçant la pause du matin retentit dans le lycée Saint-Maurice, et comme à chaque fois, la cour se remplit en quelques minutes de groupes d’élèves discutant, riant ou se bousculant pour attraper une place au soleil. Danaël, fidèle à ses habitudes, se dirigea vers son banc favori sous le vieux marronnier, déjà repéré par Jadina qui l’attendait.
– Toujours le premier ? lança-t-elle en refermant son carnet doré, le regard pétillant d’amusement.
Danaël esquissa un petit sourire et haussa les épaules. 
– J’aime savoir où j’en suis. Et puis, ça m’évite de courir après certains…
Son regard se posa sur Halan, qui venait de traverser la cour avec un petit groupe de garçons populaires, sourire narquois aux lèvres. Halan croisa le regard de Danaël, un éclat de provocation dans les yeux. 
–Tiens, tiens… Monsieur Parfait est déjà installé. On dirait que tu crois que tu peux tout contrôler. Salut, Jadina.
Danaël serra la mâchoire. Il sentait Gryf derrière lui, prêt à bondir.
– Gryf… souffla-t-il, levant la main dans un geste d’avertissement.
Mais Gryf ne put retenir son impulsivité.
– Oh ça va, toi ! Tu veux recommencer ? Il s’avança, poings serrés.
Jadina soupira profondément.
– Vous deux, calmez-vous ! lança-t-elle, fronçant les sourcils. C’est juste une pause !
Halan éclata d’un rire froid.
– Oh, je vois que ton ami est nerveux. Ça doit être dur d’être toujours parfait, Danaël. 
Le rouge monta aux joues de Danaël, mais il se força à garder son calme.
– Je ne cherche pas à être parfait. Je fais juste ce que je dois faire. 
Shimy, elle, restait en retrait, assise sur le rebord d’un banc, carnet noir sur les genoux. Ses yeux dorés observaient attentivement la scène, mais un mouvement dans la cour attira son attention : une jeune fille aux cheveux verts, Shun-Day, avançait avec aisance et charisme, son sourire captivant et calculateur se posant sur chaque élève qu’elle croisait.
Quelque chose cloche… pensa Shimy, fronçant les sourcils. Il y avait dans son regard une lueur de manipulation, subtile mais puissante. Elle resserra ses doigts autour de son carnet. À surveiller.
De leur côté, Danaël et Jadina marchaient côte à côte vers la zone de pique-nique, leurs discussions ponctuées de silences lourds de sous-entendus.
– Tu crois que Halan va vraiment essayer quelque chose aujourd’hui ? demanda Jadina, sa voix douce trahissant une inquiétude qu’elle n’avait pas l’habitude d’afficher.
Danaël hésita un instant.
– Peut-être. Mais je ne vais pas le laisser...
Il se tut, conscient que sa colère pouvait devenir un problème si elle n’était pas contrôlée.
Comme pour le confirmer, Halan lança un commentaire assez fort pour que plusieurs élèves autour les entendent :
–Hé Danaël, toujours le héros de service ? Tu crois vraiment que tu peux tout contrôler, même ici ?
Le murmure qui parcourut la cour fit frissonner Danaël. Son instinct lui cria de réagir, mais Gryf, incapable de rester en retrait, bondit immédiatement :
– Touche pas à lui ! 
Danaël attrapa son bras, le tirant en arrière. 
–Calme-toi ! cria-t-il, sa voix pleine d’autorité.
Gryf grogna mais céda, serrant les dents, toujours en colère mais retenu par le regard ferme de Danaël.
Pendant ce temps, Shimy avait reculé d’un pas. Elle observa la scène avec une intensité grandissante. La dynamique du groupe commençait à changer. Shun-Day souriait légèrement, notant chaque réaction, chaque expression, et Shimy sentit son intuition se confirmer : cette fille était dangereuse, capable de semer des tensions insidieuses.
Danaël et Jadina s’étaient assis sous le vieux marronnier. Les doigts de Jadina tapotaient nerveusement sur son carnet, mais elle réussit à croiser le regard de Danaël. Leur lien était évident, mais fragile, ponctué de malentendus et de non-dits.
– Tu devrais peut-être lui répondre… murmura Jadina.
Danaël secoua la tête.
– Non, ce serait tomber dans son jeu.
Gryf, lui, restait près d’eux, bouillant d’impatience et de frustration. Il observait Halan de loin, prêt à intervenir si jamais la situation dégénérait.
Shimy, quant à elle, continua de noter discrètement dans son carnet :
Shun-Day. Charismatique. Manipulatrice. Observe et mesure. Ne pas se laisser surprendre.
Alors que la pause touchait à sa fin, le groupe se dispersa lentement. Les tensions restaient palpables, et chacun, à sa manière, commençait à sentir que le lycée Saint-Maurice cachait bien plus qu’il n’y paraissait.