HELLO EVERYBODYYYY !! 

J'espère que vous n'avez pas trop attendu la suite de ma fanfic', parce que si c'est la cas... je m'excuse de la sortir si tard... Mais l'année dernière a été riche en émotions
et ma fanfic' n'était pas ma priorité
. Mais voici le chapitre 6 en espérant que vous l'apprécierez!
Mais avant je voulais vous dire que mon chapitre compte 4 236 mots et je n'arrive pas à estimer si c'est bien ou pas donc si certains s'y connaissent j'aimerais bien un avis !
Merci et bonne lecture !
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Gryf se sentait engourdit autant dans sa tête que son corps. La seule et unique chose qu’il pouvait sentir était une main froide dans la sienne brûlante. Les yeux fermés, il pressa un peu cette main qui la serra en retour et il sentit une caresse sur le bras. Il frissonna à ce contact puis une source de chaleur naquit dans son ventre pour s’épanouir dans tout son corps. Quand le pirate roux sentit un pouce lui caresser la joue et une voix douce murmurer « Ça va aller », il ne s’inquiéta plus de rien et replongea dans les brumes du sommeil.
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Toutefois, Gryf ne resta que quelques minutes de plus dans ce dernier, car, sentant son mal de tête se dissiper un tant soit un peu pour pouvoir ouvrir les yeux et surtout en sachant qui il allait trouver penchée au-dessus de lui, il souleva les paupières. Et il ne s’était pas trompé : Shimy, une jambe passée par-dessus l’autre, le menton appuyé dans la paume de sa main, parcourait des yeux tout son corps musclé sans paraître voir qu’il avait ouvert faiblement les yeux. Il prit le temps pour l’observer en songeant à la discussion que la pirate blanche exigerait très probablement d’avoir avec lui. Il referma les yeux en soupirant. Au même moment, Shimy sortit de ses réflexions et murmura :
- Gryf ? Tu es réveillé ?
- Oui, répondit-il en ouvrant pour de bon les yeux.
Il se redressa lentement en position assise.
- Comment te sens-tu ? lui demanda-t-elle, toute son attention concentrée sur le visage du pirate.
- Un peu mieux, concéda-t-il tandis que Shimy se penchait sur lui et posait une main sur son front.
Le cœur de Gryf s’emballa de la voir si près et il rougit. Shimy interpréta cette rougeur comme de la fièvre car il était encore un peu chaud.
- Ta fièvre n’est pas encore totalement descendue on dirait, dit-elle en s’éloignant.
Mais avant que la jeune femme ait pu se lever, Gryf attrapa son bras impulsivement pour la retenir. Là, les deux pirates se figèrent. Ils étaient mutuellement absorbés par leur visages respectifs. À ce moment-là Gryf se rendit compte de la beauté surhumaine de Shimy. Maintenant qu’il y pensait, les traits de Shimy lui avaient toujours parut plus fins que ceux des autres, plus harmonieux. Et ce n’était pas selon Gryf une question de morphologie propre à chacun, non, Shimy avait réellement des traits angéliques. La voix de cette dernière le sortit cependant de sa contemplation :
- Gryf ? murmura-t-elle.
- Oui ?
- Qu’est-ce qu’on est en train de faire toi et moi ? soupira-t-elle en secouant doucement la tête.
- Pour ma part, je crois que je suis en train de tomber amoureux de toi, confessa-t-il ne sachant pas si c’était les effets secondaires de la maladie qui le faisaient parler à cœur ouvert ou s’il le faisait en étant bien sûr de lui.
De plus, le « toi et moi » qu’elle avait employé lui avait réchauffé le cœur. Il guetta sa réaction en scrutant profondément ses iris pâles.
- Par les sept mers Gryf…, souffla-t-elle en posant ses mains de part et d’autre de son visage. Je ne sais pas si c’est une bonne idée…
- Moi non plus, avoua-t-il en soupirant.
Le regard aveugle de Shimy descendit sur les lèvres du pirate roux. Bien sûr, Gryf l’avait remarqué et il les effleura de l’index ; toutefois il secoua la tête et murmura :
- Bordel Shimy, j’ai pas envie de t’embrasser juste après avoir vomi…
Elle passa son pouce sur ses lèvres, songeuse.
- C’est vrai que c’est pas fou comme premier baiser.
- Et pourtant tu ne sais pas à quel point j’en ai envie, souffla Gryf, les joues rosies à cause de la fièvre ou de Shimy, sûrement les deux.
Cette dernière se figea un instant, en pleine réflexion, puis laissa retomber ses mains sur ses genoux.
- Par contre, j’attends quand même des explications Gryf.
Il soupira et se leva pour se diriger vers le lavabo. Il ouvrit le robinet, mit ses mains en coupe sous le jet d’eau puis les porta à sa bouche. Il se rinça ainsi plusieurs fois la bouche. Shimy le laissa faire puisqu’il avait vomi quelques minutes plus tôt et attendit patiemment qu’il se lance. Le pirate roux ferma le robinet et prit appui sur les bords de lavabo.
- Nous allions trouver un trésor immense, commença-t-il enfin. Nous étions en mer depuis de très longs mois, plus difficiles que d’habitude. Quand nous sommes finalement parvenus sur l’île où reposait ledit trésor, nous sommes partis, Danaël, Razzia et quelques autres membres de l’équipage, tous aussi fébriles les uns que les autres. Mais nous n’étions pas prêts à découvrir ce que nous allions devoir affronter, et nous ne l’aurions jamais été. Car le gardien du trésor était en réalité un demi-dieu.
Gryf marqua une pause et Shimy frissonna.
- Il était enchaîné à un des artefacts et prisonnier de son antique antre. Forcément il n’a pas été content de voir de simple mortels voler son trésors, juste comme ça. Il nous a mis une sacré raclée, raconta-t-il avec amertume.
Shimy se leva et alla lui serrer la main. Gryf répondit par un sourire triste.
- J’ai voulu profiter d’une diversion pour dérober un gros lot non loin du demi-dieu. J’ai vraiment sous-estimé ses sens ultra développés. Quand il m’a repéré, il m’a porté un coup en travers de la poitrine de son épée de demi-dieu bien vénère. J’ai consulté des médecins par la suite, ils ont tous été formels : un éclat d’épée est resté logé à proximité de mon cœur et ce faisant j’ai eu de la chance de ne pas être mort sur le coup. Sauf que cet éclat se rapproche inexorablement de mon cœur, de jour en jour. Ils ont estimé qu’il me restait un an à vivre.
Shimy déglutit péniblement et demanda d’une petite voix :
- Et maintenant… combien de temps te reste-t-il ?
Gryf ne répondit pas tout de suite.
- S’il te plaît Gryf…
- Moins d’ un mois.
La pirate blanche le dévisagea et tenta d’assimiler l’information.
- Tu es la seule à savoir à part Razzia, confessa-t-il, le regard fuyant.
- Quoi ? Tu veux dire qu’aucun autre membre de l’équipage n’est au courant ? s’exclama Shimy incrédule. Mais comment c’est possible ?
- Danaël était allé réapprovisionner le navire avec d’autres et Razzia a voulu m’accompagner. J’ai insisté pour qu’il ne dise rien à Danaël et au bout du compte, il a accepté, bien qu’à contre-cœur.
- Mais enfin pourquoi ? Danaël est ton capitaine !
- Le problème, c’est qu’il est plus que ça. C’est mon meilleur ami. Je sais qu’il s’en voudrait éternellement mais surtout il passerait tout son temps derrière moi, ça serait pénible ! plaisanta-t-il pour essayer de détendre l’atmosphère.
- Tu es en train de me dire qu’aucun de tes camarades sauf un seul avec lesquels tu vis tous les jours ne savent pas que tu vas bientôt…
Elle marqua une pause la gorge à nouveau nouée, puis lui fit tourner la tête vers elle d’une main. Quand ses yeux ambrés rencontrèrent ceux sans vie de Shimy, elle continua :
- Depuis tout ce temps tu portes le poids de ce secret sur tes épaules.
Gryf ne répondit pas. Shimy ne sut quoi dire pendant de longs instants. Elle essayait de se rendre compte que celui pour lequel elle commençait à développer des sentiments n’allait plus être de ce monde dans quelques semaines. La pirate commença soudain à paniquer :
- Mais… mais attends ! Tu es sûr que les médecins que tu as vu ne se sont pas trompés ?
- Shimy…., soupira Gryf.
- Ils se sont peut-être trompés dans leurs estimations ! Et puis comment ils ont pu déterminer qu’il restait un éclat à proximité de ton cœur ? C’est impossible !
Le jeune homme saisit sa tête entre ses mains pour la forcer à le regarder.
- Il n’y a aucun moyen de te sauver ? murmura-t-elle tout bas.
Gryf secoua doucement la tête. Une larme roula sur la joue de Shimy et ses yeux parurent encore plus vides que d’habitude. Il l’essuya du pouce puis lui adressa un demi-sourire.
- Tu sais, je suis plus que reconnaissant de t’avoir rencontrée Shimy, quoiqu’un peu tard…
- Gryf…
Les yeux de ce dernier s’embuèrent à leur tour, et il relâcha le visage de Shimy pour les essuyer du revers de la main.
- Bordel Shimy, ça fait longtemps que j’ai pas pleuré ! s’exclama-t-il en forçant un rire.
Alors que Shimy essayait encore de comprendre ce qu’il venait de lui dire, Ténébris ouvrit la porte de la chambre. Gryf se tourna dos à elle tandis que Shimy s’essuya prestement les yeux pour lui faire face.
- Il est réveillé, constata la pirate pâle.
- Oui, il… il vient de se réveiller, précisa Shimy en s’éclaircissant la voix.
Ténébris fronça les sourcils face à son comportement.
- Tout va bien ?
- Hum… oui, mentit-elle sans pouvoir contrôler un tremblement dans sa voix.
- Qu’est-ce qu’il y a ? lui demanda Ténébris, soucieuse.
- C’est… c’est rien, ne t’inquiète pas Ténébris, la rassura-t-elle même si elle n’en pensait pas un mot. On était en train de discuter, c’est tout.
Son amie jaugea sa mine attristée puis Gryf un peu plus loin. C’était le pirate de l’équipage de Danaël en qui elle avait le plus « confiance », alors elle jugea sans danger de les laisser seuls un peu plus.
- Ça devait être important j’ai l’impression. Je vais vous laisser terminer, dit-elle en se préparant à sortir.
- Ténébris…, murmura Shimy.
Sa coéquipière lui sourit puis referma la porte.
Alors, Shimy porta une main à sa bouche et hoqueta. Elle recroquevilla légèrement son buste et laissa les larmes affluer sur ses joues. Cela faisait pour elle aussi un long moment qu’elle n’avait pas pleuré. Elle sentit des bras l’enserrer et amener sa tête à un torse dénudé. Gryf lui offrit ainsi une étreinte bienvenue le temps que ses pleurs se calment. En réalité, il luttait pour ne pas s’écrouler au sol. Il venait de révéler à l’élue de son cœur qu’il allait mourir avant la fin de leur expédition. Et à en juger par sa réaction, elle tenait aussi beaucoup à lui. Lui qui avait cru qu’ils auraient pu avoir une vraie longue histoire d’amour, au fond il avait toujours su que c’était impossible, il était seulement plongé dans le déni total. Gryf sentit sa poitrine se comprimer un peu plus en pensant à tous les moments qu’ils auraient pu passer ensemble comme deux amoureux normaux.
La tête posée sur celle de Shimy, il huma ses cheveux blancs puis y déposa un long baiser. Alors, elle releva lentement son visage qu’elle essuya du revers de la main. Ses yeux morts étaient plantés dans ceux remplis de la vie éphémère de Gryf. De la façon dont elle le regardait, il aurait pu croire qu’elle n’était pas aveugle. Il posa une main sur sa joue et descendit le regard sur ses lèvres. Shimy appuya sa joue dans la paume de sa douce main. Le jeune pirate se rapprocha lentement, et effleura ses lèvres. Shimy ferma les yeux et apprécia cette douce caresse. Gryf contempla ensuite encore une fois son visage angélique encadré par un bandeau blanc.
- Gryf, souffla Shimy à nouveau en écartant doucement sa main de son visage. Je pense que j’ai besoin d’un moment seule.
- Bien sûr Shimy, répondit-il en hochant la tête.
Sans recroiser son regard, et sans un mot de plus, elle sortit lentement de la chambre. Ses pleurs s’étaient taris mais son regard était plus vide que d’habitude. Une main le long du mur, elle sortit sur le pont et vit les auras des matelots pour la plupart adossés à des tonneaux. Elle plissa les yeux et distingua également des traces par terre qui ne pouvaient être que du vomi. Shimy entreprit alors de traverser le grand pont du Dernier Souffle en évitant pirates malades et en enjambant des tas de vomi malodorants pour aller s’accouder à la rambarde non loin de la proue. Ses pensées voguèrent et s’éloignèrent tellement de son esprit qu’elle n’entendit même pas Jadina et Danaël rentrer de leur expédition sur l’île.
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Jadina posa son front sur celui de Danaël. Les deux capitaines restèrent muets pendant de longs instants. Puis, la jeune femme se releva et lui tendit une main. Le jeune blond la dévisagea puis la saisit. Alors que Jadina se remettait en route sans rien dire, il l’interpela :
- C’est tout ?
Elle se figea.
- Pas d’explications ?
- Ce n’est pas le moment je crois.
- Tu m’embrasses subitement et tu ne trouve rien de mieux à dire ? insista-t-il presque indigné par son attitude.
- Qui a embrassé qui ? se contenta-t-elle de dire sans se retourner.
- Tu m’as bien embrassé en retour si je ne m’abuse ! rétorqua Danaël.
- On est déjà restés trop longtemps sur cette île si tu veux mon avis.
- Jadina ! s’exclama le jeune capitaine blond en saisissant son poignet pour l’obliger à faire volte-face.
Elle planta son dur regard de jade dans le sien et Danaël comprit que son instant de faiblesse était passé et qu’elle allait redevenir aussi implacable que d’habitude.
- Je me suis laissée aller à cause des coups de canon, voilà tout. Ne vas pas y chercher quoi que se soit.
Jadina soupira bruyamment et se dégagea avec force, excédée par l’insistance de Danaël. Il serra les poings de frustration. C’était un argument valable, mais pas convainquant. Il allait toutefois devoir s’en contenter pour le moment.
Danaël marchait quelques pas derrière Jadina. Au détour d’un buisson, ils tombèrent sur un arbre portant des fruits ovales dorés sur ses branches. Puisque c’était leur seule piste, Jadina s’en approcha sans hésiter et cueillit un fruit.
- Comment savoir s’il guérit ? demanda Danaël.
Elle se posait la même question. Sans répondre, la capitaine regarda autour d’elle sans vraiment savoir ce qu’elle cherchait. Puis, comme si le sort avait décidé de l’aider un tant soit peu, elle repéra un oiseau tombé au pied d’un arbre voisin. Elle se dirigea vers lui et constater qu’il était blessé voire mourant ne fut pas difficile. Jadina s’accroupit, ouvrit le fruit en deux et le présenta à l’oiseau. Celui-ci plongea difficilement l’extrémité de son bec dedans. Pendant quelques secondes, il ne se passa rien sinon que l’animal volant avait arrêté de bouger. Jadina retint son souffle, craignant avoir abrégé ses souffrances au lieu de l’en avoir débarrassé. Puis, ses ailes tressaillirent et il redressa doucement la tête. Il regarda autour de lui et quand il vit Jadina penchée au-dessus de lui, prit de panique, il sautilla puis s’envola.
Ayant assisté à ce miracle, les deux capitaines se mirent d’accord d’un regard. Jadina remplit sa sacoche de ces fruits et Danaël se hâta d’en faire autant. Quand ils les eurent remplies, la capitaine déclara:
- Allons-y et dépêchons-nous.
Ils firent les trajet inverse en se hâtant à travers les branches qui obstruaient leur vision. Lorsqu’ils arrivèrent sur la plage, ils poussèrent la chaloupe dans l’eau avant d’y monter à leur tour. Danaël se proposa pour ramer puisque c’était Jadina qui s’en était chargée à l’aller.
- Hé ho ! Nous sommes revenus ! cria Danaël lorsqu’ils atteignirent le Dernier Souffle.
Ce fut sans surprise Ténébris qui leur lança l’échelle.
- Alors, est-ce que vous avez trouvé quelque chose ? leur demanda la pirate pâle une fois qu’ils furent sur le pont.
Jadina ouvrit sa sacoche et lui montra les fruits à l’intérieur.
- Nous avons trouvé un antidote.
- Comment vous pouvez en être sûrs ?
- Un de ces fruits a remis sur pied un oiseau qui était sur le point de mourir, expliqua la capitaine.
- Comment vont mes hommes ? demanda à son tour Danaël.
- Leurs vomissements se sont arrêtés il y a un moment déjà et depuis ils ont comme une migraine générale, rapporta Ténébris.
- Bien. Combien de membres compte ton équipage Danaël ?
- Ils sont 25.
- Voyons combien nous avons de fruits, sachant qu’il serait peut-être intéressant d’en garder quelques uns en cas d’urgence, décida Jadina.
La capitaine se dirigea vers le premier support plat qui s’offrait à elle, une caisse de taille moyenne, et y vida le contenu de sa besace. Elle en compta 17 et Danaël 18. Ils décidèrent d’en donner un entier à chaque membre de l’équipage contaminé. Comme avec l’oiseau, les pirates se relevèrent quelques instants après avoir ingéré le fruit et bientôt tout le monde fut debout.
Danaël somma son équipage de se rassembler autour de lui : il était temps de discuter de la suite des évènements.
- Je suis ravi de vous voir sur pied camarades. Comme vous avez pu le constater, la nourriture du navire marchand que nous avons dépouillé un peu plus tôt était empoisonnée.
Des murmures et des ricanements ironiques parcoururent l’assemblée.
- Pour commencer, nous allons jeter cette nourriture par-dessus bord puis vous allez me nettoyer ce pont qui empeste le vomi. Pendant ce temps-là, je déterminerai où se trouve le port le plus proche sur notre route et nous irons nous y approvisionner car nous ne pouvons pas risquer que la nourriture soit encore une fois obsolète.
Un pirate vêtu d’un large pantalon marron leva la main et demanda :
- Et qu’est-ce qu’on va manger d’ici-là ?
- À ton avis Ash ? répondit Danaël en posant les mains sur ses hanches.
Le dénommé Ash marmonna un commentaire trop bas pour que son capitaine puisse l’entendre. De toute manière, il était déjà retourné à ses explications.
- À l’avenir nous allons mieux interpréter les symboles de la carte pour éviter ce genre de problème, conclut-il. Je compte sur vous pour faire de nouveau avancer notre beau navire qu’est le Dernier Souffle !
Certains hochèrent la tête tandis que d’autres la relevèrent de fierté. Jadina constata que Danaël avait beau n’avoir dit qu’une petite phrase d’encouragement, cela avait suffit pour motiver ses hommes.
- Allez au travail ! s’exclama-t-il enfin.
L’équipage se mit aussitôt en mouvement. Danaël se tourna vers Jadina :
- Peux-tu me prêter la carte ? J’aimerais l’étudier de plus près. S’il te plaît.
- Tiens, dit-elle la sortant de son corsage noir.
Bien qu’il fut légèrement surpris qu’elle la lui donne sans rouspéter, le capitaine ne releva pas. En effet il était encore resté sur leur dernière altercation sur l’île et il ne voulait pas se battre avec elle maintenant. Ce qu’il ne savait pas c’était que c’était exactement pour la même raison qu’elle la lui avait confiée sans faire de commentaires. Danaël la saisit donc, lâcha un « merci » puis s’enfuit dans sa cabine.
Ténébris avait remarqué que leur court échange avait été étrangement calme mais décida de lui en parler plus tard. À la place, elle voulut lui dire que quelque chose n’allait pas avec leur amie mais Jadina la devança :
- Que fait Shimy toute seule sur le pont ?
- Justement… Quand vous êtes partis, elle s’est occupée de Gryfenfer, le pirate roux mais je crois qu’ils s’est passé quelque chose entre eux…
- Comment ça ? demanda-t-elle en fronçant les sourcils.
- J’ai comme l’impression qu’ils se sont dit quelque chose qui l’a bouleversée.
- Je vais la voir, décida Jadina.
- Je t’arrête tout de suite ! Tu crois vraiment qu’elle va vouloir te parler après l’avoir quasiment traitée d’inutile ?
- N’exagère pas Ténébris ! Ce n’est pas ce que j’ai dit ! rétorqua la jeune pirate aux yeux de jade.
- Ah pardon, tu l’as seulement rabaissée ! ricana sa seconde. Tu sais, même si ça fait presque un an que ce maudit demi-dieu lui a ôté la vue, c’est toujours compliqué pour elle de s’adapter à sa nouvelle vision, lui rappela-t-elle en baissant la voix.
- Mais dans ce cas-là qu’elle reste à l’écart des combats ou elle pourrait facilement finir embrochée, dit sa capitaine.
Les intenses yeux rouges de Ténébris la dévisagèrent.
- Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ?
- Il n’est pas seulement question de se battre Jadina. Depuis qu’elle est devenue aveugle tu la décharge de corvées pourtant simples et tu lui demande de rester sans rien faire toute la journée. Arrête de la croire aussi fragile !
- Tu dis ça mais tu la suis partout comme si elle était gâteuse, contra Jadina.
- Nous ne sommes pas sur l’Emeraudia capitaine. Ce n’est pas parce que tu connais personnellement le capitaine de ce navire que tu dois croire que tous les membres de son équipage sont aussi prometteurs de liberté que lui.
- Tais-toi.
- Je n’en ai pas l’intention. D’ailleurs il a l’air tellement parfait que des fois je me demande qu’est-ce qui t’a poussé à l’abandonner.
Jadina jeta un regard autour d’elles : il ne fut pas compliqué de voir que les pirates essayaient d’écouter leur conversation.
- On s’est complètement écartées du sujet je crois, remarqua-t-elle d’une voix très calme. Mais si tu tiens tant à partir sur celui-là, je t’invite à ce qu’on en reparle en privé.
Ténébris soutint son regard de jade de ses yeux de sang puis soupira :
- Peu importe. Mais mets-toi à la place de Shimy une minute.
- Continue de la surveiller, répondit-elle en tournant les talons.
Sur le chemin de sa cabine, elle croisa Danaël qui sortait de la sienne. Leurs regards se rencontrèrent une fraction de seconde puis elle lui lança :« Je prendrai la relève de nuit », puis s’enferma dans ses quartiers.
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La nuit était tombée et Danaël était retourné dans sa cabine pour s’y reposer. Il s’était débarrassé du fourreau qu’il portait en ceinture ainsi que de ses bottes et avait fait un brin de toilette avec l’eau claire qu’ils avaient gardé de leur ancienne halte au port. Il avait également enlevé sa tenue de capitaine et se trouvait en sous-vêtement, assis au bord de son lit. Danaël repensa encore une fois à son altercation sur l’île avec la capitaine de l’Emeraudia.
Il passa son pouce sur ses lèvres.
S’il en avait conclut quelque chose, c’était les suivantes : d’abord Jadina était dans le déni quand à ses sentiments. Ensuite, il était presque certain qu’elle n’avait pas l’intention de renouer avec lui.
C’est pour cela que l’objectif premier de son expédition lui revint en tête : trouver la corne de Lysensia pour faire revenir Jadina à lui.
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Gryf se décida enfin à ranger la serpillière qu’il maniait depuis au moins deux heures déjà. Même si Danaël avait chargé tous les pirates de nettoyer le pont du Dernier Souffle, il avait fini par repasser partout où les autres étaient déjà passés, histoire de se changer les idées. À vrai dire, il avait rarement été aussi propre. Au début, ce nettoyage avait été un prétexte pour ne pas rester très loin de Shimy, mais elle était rentrée il y avait une heure de cela.
Gryf avait décidé qu’il irait l’aborder demain à la première occasion sans mentionner leur discussion de la veille. Il ne voulait pour rien au monde que la pirate blanche arrête de lui parler à cause des révélations qu’il lui avait faites plus tôt dans la journée. Le pirate roux voulait qu’elle puisse le voir au moins une fois autrement qu’en aura avant qu’il les quitte.
C’est pourquoi il allait s’emparer de la corne de Lysensia avant Danaël.
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Le gouvernail entre les mains, Jadina regarda Gryfenfer enfin ranger la serpillière qu’il n’avait pas lâché depuis des heures. Elle avait remarqué tous les regards en coin qu’il avait lancé à Shimy avant qu’elle ne se retire pour la nuit et en déduisit qu’il devait autant être travaillé par sa conversation avec sa camarade qu’elle par son moment d’égarement avec Danaël.
Elle se réprimanda à nouveau mentalement de ne pas l’avoir repoussé. Décidément, il avait le don de lui faire perdre de vue ses objectifs et ses convictions. Être revenue sur ce navire lui rappelait des souvenirs qu’elle avait pourtant essayé d’oublier en deux ans.
Elle se fixa alors un seul nouvel objectif : peu importe la raison qui avait poussé Danaël à vouloir obtenir la corne de Lysensia, ce sera elle qui s’en emparera et qui formulera un souhait.
Celui de se débarrasser définitivement de ses sentiments pour lui.
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Shimy était allongée sur son lit dans la cabine que Danaël leur avait attribué. Elle était vêtue d’une simple robe de chambre et n’essayait pas de chercher le sommeil car elle savait qu’elle n’était pas prête de le trouver. Tournée face au mur, elle pensait toujours à Gryf et à son visage qu’elle avait envie d’embrasser pour l’empêcher de partir.
Comme si cela allait changer quelque chose.
Toutefois, une idée folle avait germé dans son esprit alors qu’elle avait sorti son regard des flots. Si elle parvenait à s’emparer de la corne de Lysensia, elle pourrait sauver Gryf. Seulement, y arriver dans sa condition allait relever de l’extrême difficulté. D’autant plus que Danaël avait déjà l’air bien sûr de ce qu’il souhaitait.
Mais puisque c’était pour sauver son pirate roux, elle était plus que prête à relever le défi.