L’Aube du Néant

Le vent souffle une poussière épaisse sur les ruines d’Alysia. Autrefois, ce monde était couvert de forêts luxuriantes et de rivières cristallines. Aujourd’hui, l’air est saturé de cendres et de fumée iréspirable. Les derniers arbres encore debout se tordent comme des spectres, leurs branches noircies par le poison ambiant.Danaël avance, son armure couverte de poussière et de cicatrices. Chaque pas sur le sol craquelé soulève un nuage grisâtre.
— Ils ne tiendront plus longtemps… murmure-t-il.
Derrière lui, se tiennent tenebris gryf Shimy jadina et razzia entourés d'autres marchent en silence. Jadina serre son sceptre, son baton aigle en fixant l’horizon d’un air sombre. Shimy garde son capuchon relevé pour masquer son visage amaigri. Gryf, plus maigre qu’avant, traîne les pieds, ses griffes raclant la roche poussiéreuse. Quant à Razzia, il marche en dernier, surveillant les alentours d’un regard méfiant.
— Il reste encore des survivants dans les cavernes de l’est, dit Jadina d’une voix lasse.
— S’ils n’ont pas été touchés par le poison, grogne Gryf.
Shimy serre les poings.
— On ne peut pas abandonner ceux qui restent.
Danaël hoche la tête.
Après la chute du dieu maléfique, la magie a commencé à se dérégler. Les plantes ont dépéri, l’eau s’est empoisonnée. Les créatures magiques se sont éteintes une à une.
Ténébris fatiguée pose un genou au sol à bout de force.
— C’est pire que ce que je pensais… murmure-t-elle.
Danaël se tourne vers elle, essoufflé.
— Qu’est-ce que tu veux dire ?
Ténébris se relève lentement et serre les poings.
— C’est le poison d’Anathos.
Un frisson parcourt le groupe.
Shimy s’approche et pose une main sur une pierre. Grâce à ces pouvoirs élémentaires, elle peut sentir le poison et la maladie envahir chaque être vivant.
— Il est encore actif, murmure-t-elle.
— Impozzible, souffle Razzia. Anathoz est mort. Son influenze a disparu !
— Son pouvoir, peut-être… mais son poison, non, répond Shimy.
Les survivants se rapprochent, leurs regards effrayés cherchant des explications.
— Ça veut dire quoi ? demande Jadina d’une voix tremblante.
Ténébris soupire et se tourne vers le groupe.
— Ça veut dire que le poison d’Anathos s’est infiltré dans l’eau, dans la terre… et dans les corps. Il est toujours présent. Nous risquons d'attraper la peste
Amy pâlit.
— Vous voulez dire que… c’est lui qui nous rend malades ?
— Oui.
Jadina serre les poings.
— C’est pour ça que tant de gens meurent. Ceux qui sont malades ont des boutons énormes sur le corps… des plaques noires sur la peau… Et ensuite… Ils vivent les derniers jours de leur existence dans d'atroces souffrances. Une souffrance telle que la mort est une véritable délivrance.
Shimy ferme les yeux, une douleur invisible traversant son visage.
— La peste… murmure-t-elle.
Jadina pose une main sur son front.
— Si on ne trouve pas un moyen de purifier l’eau, Alysia sera entièrement anéantie.
Danaël hoche la tête.
— Alors on va filtrer l’eau.
Les Légendaires se tournent vers lui.
— Comment ? demande Razzia.
Danaël croise les bras.
— On va trouver un moyen. Un endroit où l’eau n’a pas été contaminée. Un moyen de purifier ce qui peut encore l’être.
La cabane est un abri de fortune, construite à partir des restes d’arbres morts et de pierres branlantes. Située près d’un ancien ruisseau à moitié asséché, elle offre peu de confort, Danaël fixe le ciel d’un air pensif. ils n’ont plus d’énergie… juste l’attente. Mes un jours es premières gouttes résonnent contre le toit de la cabane. D’abord timides, puis martelant le sol craquelé et réveillant la terre en sommeil.
— De la pluie… souffle Jadina, levant les yeux vers le ciel.
— Une vraie pluie ! s’exclame Razzia, un sourire fatigué sur le visage.
Gryf est le premier à sortir.
— Par les dieux… ça faisait si longtemps…
Bientôt, tous les Légendaires le rejoignent, laissant la fraîcheur laver la sueur et la poussière accumulées sur leurs corps fatigués.
Shimy tend les bras, savourant la caresse de l’eau sur sa peau.
— C’est un signe. Peut-être que la nature n’est pas complètement morte…
Mais soudain, un cri s’élève.
— Aaaahh ! Qu’est-ce qui… m’arrive ?!
Tous les regards se tournent aussitôt vers Jadina.
— Jadina ! s’écrie Danaël en s’approchant.
Elle tremble, terrifiée par ce qui se passe.
— Mes cheveux… ils…
Shimy s’avance à son tour.
— C’est comme si… tu devenais un arbre.
En effet, des longues branches ont poussé sur les épaules de la jeune femme et ses cheveux on laissait place à de grandes feuilles vertes.
- Mais comment est ce possible? Demande Tenebris en touchant les branches et les feuilles du bout des doigts. Est ce que tu as développé de nouveaux pouvoirs ?
La princesse magicienne réfléchit un instant partagée entre la surprise et la gêne.
- Je ne pense pas, finit-elle par répondre. N'oubliez pas que ce corps n'est pas mon corps d'origine. Je l'ai gagné en allant dans les mines grâce à l'arbre de gamera. C'est un corps végétal. Pourtant, ça ne m'était encore jamais arrivé avant.
Sans perdre de temps, Les légendaires décident de se rendre au Château d'orchidia. Sur le chemin, ils croisent des dizaines et des centaines de cadavres de personnes ayant été touchés par la peste ou mort de faim. Réunissant le reste de leur force, ils parviennent à atteindre leurs destinations.
Le professeur vengelis et la dans son laboratoire. Quand il lève la tête et aperçoit le groupe, son visage s'illumine
— Par le ciel… vous êtes encore en vie ?!
Danaël s’avance.
— Nous sommes peut-être vivants, mais Alysia est en train de mourir, professeur.
Vangélis se lève difficilement.
— J’imagine que si vous êtes ici, ce n’est pas pour parler du passé… murmure-t-il en refermant un vieux manuscrit poussiéreux.
Shimy hoche la tête.
— Nous avons peut-être trouvé un espoir.
Tous les regards se tournent vers Jadina
Vangélis cligne des yeux en l’observant.
Il s’approche lentement, fasciné.
— C’est… impossible… murmure-t-il.
Il tend une main et frôle du bout des doigts les feuilles sur sa tête et remarques des fruits qui semble y pousser.
Dans une aile abandonnée du château, il installe Jadina sur une table d’examen poussiéreuse et commence à analyser.
— Aucune maladie apparente… son corps réagit bien aux transformations… mais ces fruits…
Il tend la main et cueille l’un des fruits sur sa tête.
Jadina frissonne à nouveau mais ne ressent rien.
D’Angélis observe le fruit un instant, hésitant, puis en goute une bouchée.
— C’est incroyable… Dit il.
— Alors ? demande Razzia, impatient.
Le professeur essuie son menton et sourit pour la première fois depuis longtemps.
— C’est un vrai fruit. Non seulement il est comestible, mais il est plein d'energie. En quelques secondes, je me sens déjà plus fort…
Danaël croise les bras.
— Ces fruits peuvent aider les survivants. Mais ça ne suffira pas. Nous avons besoin de plus.
D’Angélis acquiesce.
— Son corps produit naturellement ces fruits… alors pourquoi ne pas utiliser son ADN pour crer de nouvelles plantes?
Shimy hoche la tête, l’air songeuse.
— Si nous pouvions planter ces arbres un peu partout, Alysia pourrait peut-être se régénérer…
— Et combattre le poison d’Anathos, ajoute Gryf.
D’Angélis attrape un vieux grimoire et le feuillette rapidement.
— Il existe une ancienne technique alchimique capable d’extraire l’essence magique d’un être vivant pour la reproduire dans un sol fertile…
Il pose son regard sur Jadina.
Jadina serre les poings.
— Si cela peut sauver Alysia… alors je veux bien essayer.
Après plusieurs essais, plusieurs expériences. Le professeur parvient à créer artificiellement de nouvelles plantes. Grâce aux fruits revigorants, les légendaires parviennent à semer des graines un peu partout, tout en donnant de la nourriture aux survivants. Au bout d'une longue période, la végétation est à nouveau de retour et la peste a fini par disparaître totalement.