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Fanfictions

Les légendaires Stories - Jadylina - Chapitre 4 - La Résistance

Du rouge partout. Des taches sombres. Des formes mouvantes. Des cris. Des murmures.

 

 

Haletant, je réalisai soudain que j’étais assise par terre, un vêtement sur mes jambes comme une couverture. Je venais de me réveiller brusquement.

« Que s’est-il passé ? »

Je regardais autour de moi tandis que la mémoire me revenait peu à peu. J’avais été fouettée par les hyénites. La douleur des coups, le sang, les cris… tout me revenait.

A part moi, il y avait dans la pièce un autre homme que je ne connaissait pas, ainsi que Katharina, qui discutait avec lui. Elle était debout et semblait déjà rétablie.

En m’entendant crier, les deux se sont tournés vers moi.

L’homme, dont les vêtements étaient recouverts de boue, s’avança vers moi.

- Alors, notre grande blessée s’est réveillée ?

- Oui, merci…

Au vu de son accent, je devinais qu’il était étranger.

- Qui êtes vous ?

-Je m’appelle Major, répondit l’homme, et vous ?

- Major ? Ce n’est pas votre nom…

- Vous êtes rapide à la détente ! Observa-t-il. Oui, mes parents étaient sobres lorsqu’ils m’ont baptisé, mais mon vrai nom ne figure plus sur aucun registre, alors peu importe…

- Vous êtes étranger ?

- Oui. Je viens de rentrer de mission.

- Major ! S’exclama Katharina d’un ton de reproche.

- Ben quoi ? Il est quand même temps que ce bon gros macho de Chef intègre réellement des femmes dans son organisation, sinon on s’en sortira pas.

- Ce n’est pas toi qui décide ! Contesta Katharina. Et il n’est pas misogyne, c’est tout simplement pour des raisons de sécurité !

- C’est toujours ce qu’il avance, mais crois-moi, ce n’est pas lui qui risque sa vie pour dégoter des informations à l’extérieur de la mine ! Alors quitte à crever, autant ne pas le faire pour rien !

- Tsss, tu es vraiment incorrigible !

- Les règles sont faites pour qu’on les transgresse, ma chère ! À ton avis, où serais-je, si j’avais tout le temps suivi ces foutues règles ? Probablement dans l’Au-Delà.

- Mais qu’est-ce que c’est que cette histoire, bon sang ? Je m’écriai soudain.

Les deux se turent. Puis Major glissa quelques mots inaudibles à l’oreille Katharina. Celle-ci acquiesça, légèrement tremblante, et Major quitta la pièce.

- Que fait-il ? Demandais-je.

- Il va chercher les principaux membres.

- Les membres ?

Katharina eu une longue hésitation. Mais elle finit par répondre, avec un soupir de résignation. 

- De la Résistance.

- Alors il y a bel et bien une résistance ?

- Je ne t’en dirai pas plus, c’est au chef de le faire.

Katharina n’en dit pas plus, bien qu’elle semblait avoir une question sur les lèvres. 

- Que se passe-t-il ? Je demande, décidant d’aller droit au but.

- Eh bien… si je me souviens, tu avais une sœur… je… si c’est trop indiscret, tu peux ne pas me répondre mais… que lui est-il arrivé ?

Je me remémorai l’erreur dans le registre des hyénites avant la séance de torture.

- Elle est morte il y a un an.  

- Comment ? Demanda Katharina.

- Je… je n’ai pas envie de répondre.

- Ce n’est pas grave, je comprends.

- Je passe du coq à l’âne, mais… c’est qui, ce Major ? Il est étranger, et j’ai l’impression qu’il ne fait même pas partie des mineurs…

- C’est un espion de la Résistance. Il est un contact direct du chef et c’est son homme de confiance, alors il est très respecté. Je l’ai accueilli dans cette pièce secrète, il vient de rentrer de mission. Son rôle est de parcourir l’extérieur de la mine et rechercher des trucs ou des infos pour le chef, tu vois. Et comme il est clandestin, il n’y a aucun risque que les hyénites découvrent sa disparition parmi les mineurs.

Nous fûmes interrompues par le bruit de la porte. Quelqu’un entrait. C’était un homme robuste, assez âgé. Il marchait appuyé sur une canne. En baissant les yeux, je découvris qu’il lui manquait une jambe.

Un deuxième homme le succéda, suivi de Major, Katharina et…

- Polas ?!

Celui-ci ne répondit pas, gêné. Le premier homme s’assit par terre en face de moi, suivi des quatre autres personnes.

- Je m’appelle Szinog et je suis le chef de la Résistance. Je suppose que tu sais qui nous sommes.

Il dégageait une puissante aura d’autorité. Rien qu’à sa voix, je sentis déjà la pression qu’il exerçait sur les membres de la pièce. Je dus rassembler tout mon courage pour lui répondre.

 

-  Je l’ai appris à mes dépens.

- Tu es consciente que tu représentes un grand danger pour nous, maintenant que tu es au courant, n’est-ce pas ? Reprit-il.

- Ne pouvez-vous pas m’intégrer dans vos rangs ? Je demande. Je pourrais vous être utile. Moi aussi j’aimerais me battre contre les hyénites !

Ces paroles me choquèrent moi-même. Pour tenir face au cauchemar que nous vivions tous, j’étais presque parvenue à oublier ma situation, à oublier ce que les hyénites avaient fait à ma famille… pendant tout ce temps, j’évitais à tout prix d’y songer. J’essayais de survivre, rien de plus. D’annihiler cette rage intense qui me dévorait de l’intérieur.

Mais maintenant, je m’en rendais compte. J’allais sur la mauvaise voie. Ce n’est pas en cherchant à survivre à tout prix que je vengerais ma famille. Le seul moyen d’honorer la mémoire de ceux qui sont tombés est de promettre un avenir radieux à notre peuple, peut importe les sacrifices, tant que notre pensée, notre espoir, subsiste.

Alors oui, même si cela est dangereux, je m’engagerai de toutes les manières possibles pour combattre ces satanées démones et venger ma famille. Et l’opportunité s’offrait à moi !

Mais le chef continua :

- Beaucoup de gens m’ont affirmé cela. Et pourtant…

- Mais moi, je le pense ! Et puis, plus on est nombreux, plus on a de chances d’organiser une rébellion, non ?

- Plus on est nombreux, plus la coordination est difficile, et plus la chance de se faire démasquer est grande. Et notre mouvement n’a pas besoin de femmes pour le moment.

- Nous n’avons qu’à la tuer, l’interrompit Major.

 

Quoi ?

 

Ils comptent me tuer parce que je suis au courant ? Au lieu de simplement m’engager ? C’est… c’est absurde !

C’est…

 

Mais Major n’en démordit pas. Avec un air mystérieux, il incita les membres de la Résistance à se lever. Nous sortîmes de la pièce, qui donnait sur une sorte de long couloir étroit qui semblait être creusé par des mains humaines sous la terre. Nous débouchâmes devant une petite porte. J’étais morte de peur face à ce qui m’attendait.

Mais je n’allais pas mourir maintenant.

Pas avant de m’être rendue utile.

Mon cœur battit à tout rompre, et ma respiration se fit plus saccadée, tandis que Major ouvrait lentement la porte à l’aide d’une grosse clef.

Je sentis une main sur mon épaule. En tournant la tête, je vis Polas.

« Je suis désolé. C’est à cause de moi que tu t’es retrouvée dans ce pétrin. Je ferais tout mon possible pour empêcher ta sentence, je te le promets. Mais je suis désolé. Pardonne-moi, s’il te plaît »

Le ton de sa voix était triste, suppliant. Je n’y avait pas vraiment réfléchi, mais c’était en réalité lui qui m’avait mis la puce à l’oreille pour le somnifère. Malgré tout, comment lui en vouloir ? Il connaissait ma rancoeur envers nos geôlières, alors il a souhaité que je puisse enfin me venger… au final, il m’a cernée avant moi-même.

La porte s’ouvrît avec un grincement sinistre. Elle donnait sur une petite cavité très sombre, à peine de la taille d’un cagibi. Major s’y engouffra et en sortit avec, dans les mains, un large pan de tissu blanc ensanglanté qui semblait envelopper… un corps.

J’étouffais un cri de terreur tandis que Polas ouvrit de grands yeux écartés de dégoût. Major déposa calmement le corps par terre, défit le linceul pour découvrir une femme, morte. Elle devait l’être depuis peu de temps, car le corps était extrêmement bien conservé et encore frais.

- Une femme ?! S’exclama le chef avec colère. Mais pourquoi diable as-tu ramené une femme de ta mission ?

- Au cas où, se défendit Major. Et vous voyez, vous en aurez bien besoin. Elle est morte il y a trois jours alors qu’elle tentait de joindre sa famille à l’étranger. Elle avait échappé aux hyénites jusque là. Elles l’ont massacrée sans ménagement. Ne trouvez-vous pas qu’elle ressemble à notre fouineuse ?

En effet, la femme et moi avions quelques points communs. Nous avions à peu près la même taille et couleur de cheveux, bien qu’ils soient plus longs que les miens, et le même visage rond. Néanmoins, nos nez étaient différents, le sien était plutôt aquilin et le mien retroussé… Soudain, je compris.

- Vous comptez me faire passer pour morte ?

- Oui, c’est exact, répondit Major.

Il s’adressa alors au chef.

- Vous voyez, je viens de vous sauvez la mise. Elle ne vous causera plus le moindre problème, et vous avez un premier volontaire pour la mission Oméga !

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capucineg900
Le sam 28/01/2023 - 15:26

C'était un très beau chapitre !

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toopie2007
Le dim 29/01/2023 - 22:22

Oh j'ai vraiment hâte de voir Jadylina en mission !
Hâte de lire la suite !