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Fanfictions

Traces de Sang: Chapitre 9

Razzia s’était pourtant promis que plus jamais il n’abandonnerait. Ni rien, ni personne.

Car ça lui a couté sa dernière famille proche.

Encore aujourd’hui il paye son erreur avec le sang qui coule de son cœur. Et sa quête devrait cautériser sa plaie béante comme un grand coup de tisonnier.

Alors imaginez seulement comment cette douleur s’est remise à brûler, comment cette plaie s’est sauvagement creusée après que le colosse de Rymar ait rompu cette promesse.

 

 

Oui.

Razzia a abandonné.

 

Il a abandonnéSa première promesse.

 

Il avait promis qu’il emmènerait l’enfant à Niccoh et qu’il reprendrait sa route après.
Pourtant il est encore là, auprès de lui, et la campagne souffle de ne plus être battue par son pas violent.

 

 

Pourquoi ?

Parce qu’il est malgré tout intrigué. Après tout ce temps, il n’est toujours pas sûr de savoir de quoi souffre son petit compagnon.
Il faut dire aussi qu’il n’est pas très loquace sur le sujet… Alors le guerrier n’a plus qu’à chercher les réponses lui-même.

Cependant il serait faux de croire que la curiosité l’a emporté cette fois.

C’est aussi à cause des yeux. Moins ceux de Nobisa, subitement perdus, mais surtout des habitants, étonnés et même choqués par la scène dont ils viennent d’être témoins.

 

Un homme qui abandonne son enfant à l’entrée de la ville. Impensable.

 

Plus besoin d’y penser, justement : l’homme est resté.

Et ensemble, ils cheminent un peu hasardement dans la ville bien plus massive qu’Enméé.

Razzia ne fait que suivre Nobisa. Ce dernier sait ce qu’il cherche. Il ne sait seulement pas où le trouver.

Fort heureusement, des passants le renseignent : l’hôpital est à l’ouest de la ville, après la place de la fontaine, la troisième sortie à main gauche dans la rue Princeton puis tout droit jusqu’au fond et enfin à droite, sur la place Oushe.

 

Et de fait, après des tours et des détours, une grande et robuste bâtisse sertie d’une croix centrée, se dévoilent à eux.

Après la grande porte, un accueil. Tout à fait cordial de la part du réceptionniste :

 

 

« Bonjour messieurs ! Avez-vous rendez-vous ou s’agit-il d’une urgence ?

 

-C’est urgent. réponds Nobisa. « Ce serait pour voir le docteur Hingo.  »

 

 

 

Soudain toute la cordialité de l’employé meurt gelée. Son visage si rayonnant devient sombre, terrible avec ses lèvres pincées.

 

-Partez. Tout de suite.

 

 

Les deux voyageurs ont à peine le temps de s’étonner que l’individu derrière son accueil appelle la sécurité qui débarque et les jette dehors.

Le temps que les deux se relèvent, des badauds s’approchent d’eux. D’abord empreint des plus nobles attentions du monde, ils finissent par les fuir comme la peste quand ils entendent la requête. Certains même les maudissent, les plus hardis leur auraient volontiers craché dessus s’ils n’avaient pas remarqué à quel point Razzia pouvait paraître menaçant.

 

Très vite, plus personne dans les rues. Comme si la peste s’était répandue et avait entrainé la mise en quarantaine de tout le quartier, si ce n’est toute la ville.

La ville semble déjà fantomatique alors qu’elle est loin de paraître abandonnée…

 

Razzia n’a même pas le temps de se poser des questions sur cette histoire ; il est occupé à courir après l’enfant qui cherche désespérément une indication.

Il le retrouve sur la place de la fontaine. Appuyé contre une maison, sous une fenêtre, reprenant son souffle. Il pense à aller lui puiser de l’eau, mais ce plan est compromis par l’inscription « EAU EMPOISONNÉE » sur le parvis.

Alors il le rejoint seulement.

Une fois à son niveau, il souffle enfin à son tour et fait sortir ses pensées :

 

-Qu’est-ce que c’est encore que cette histoire de fous-

 

Surpris, effrayé presque, il dégaine son sabre.

Nobisa surpris à son tour suit la pointe…

 

Pas d’ennemi à l’horizon. Juste la fenêtre. Derrière laquelle est apparue silencieusement une petite fille au teint livide.

 

Se remettant de sa surprise, l’enfant s’approche et proclame encore une fois qu’il cherche le docteur Hingo

Et c’est au tour de la petite fille d’être surprise, arrondissant ses yeux. Pour toute réponse, elle étend son index au loin.

 

Le temps de constater la direction pointée, Nobisa remercie la petite et se met en route, malgré le grommèlement de Razzia.
Ce dernier rengaine avant de remercier à son tour la petite… Mais il s’interrompt en constatant qu’elle s’est brûlée la main.
Pourtant, elle n’a fait que la tendre sous les rayons de soleil…

Plus le temps : Nobisa est déjà loin.

Alors il le rattrape. Encore.

 

Il le rattrape et d’un simple échange de regard ils conviennent de suivre la direction plutôt que de se demander ce qui cloche dans cette ville…

 

 

La ville, ils finissent par la quitter. Sans avoir rencontré d’habitation sur leur route ou trouvé le fameux docteur.

Le soleil se couche à l’horizon et le géant voudrait en rester là. Mais pas le petit qui prends d’assaut une colline au loin.

Alors dans une plainte soupirée il le rattrape une fois de plus.

 

 

Tous deux gravissent la colline.
Sans rien trouver au sommet.

Mais ils repèrent au loin une étrange mansarde sur une colline bien plus lointaine.
Ils sont éreintés par leur journée folle, mais c’est leur dernière piste.

Encore une longue marche, quelques descentes et autant de montées… Et les voilà.

 

 

La masure est vieille, mais elle a l’air de bien tenir. Tout en pierre grise surplombée d’un toit bleu sombre, elle doit faire au moins deux étages et accueille les voyageurs avec une porte de bois qui n’a pas dû voir de vernis depuis des lustres

 

 

Nobisa appréhende en frappant la porte. Cette appréhension se change en inquiétude en entendant des pas rapides se rapprocher.

Puis survient un bruit d’une poignée qu’on saisit !

 

 

Mais plus rien… Comme si ses pas se méfiaient de ses visiteurs…

 

 

-Docteur Hingo ? appelle Nobisa désormais plus inquiet mais craintif.

 

 

-…

Je n’avais plus entendu ce nom depuis bien longtemps… » proclame une voix grave et forte dans le logis…

 

 

Le vieux bois raclant le sol se met à hurler

La porte s’ouvre lentement.

 

 

Par réflexe, l’enfant recule vers le guerrier qui met la main à son épée

 

 

L’odyssée se suspends.
Razzia est prêt à se défendre,

 

 

Prêt à laisser
DES TRACES DE SANG

De cet étrange docteur salement décrié.