Je suis de passage avec un petit hors-série 😎 bonne lecture !
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La vérité sur les vagues {Hors-série} 🌊
En ce soir d'été, le commandant Danaël savourait un cocktail sur sa chaise longue, bronzant au soleil couchant. Célibataire, il ne cherchait plus l'amour depuis que celle qu'il aimait est partie. Jadina et lui se sont quittés il y a cinq ans, tout au plus. Trop de blessures, de secrets enfouis... Il valait mieux que ça s'arrête. Il repense parfois à elle, et sait qu'elle aussi. Jadina est devenue captaine du bateau pirate le plus célèbre de l'Empire.
Pourtant, rien n'était tranquille. Danaël avait reçu l'ordre de mettre à l'arrêt le navire, et d'interroger sa capitaine. Comment allait-il faire ? Que pourrait-il bien lui dire, après tant d'années ?
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À l'aube, Danaël était au port de Saint Charles, là où doit accoster le navire tôt ce matin. En l'attendant, il réfléchissait. À elle, à lui. Il savait qu'il ne devait pas s'éterniser, que sa venue n'était que purement professionnelle, mais au fond de lui, il voulait lui déclarer son amour, encore une fois. La revoir à ses côtés. L'embrasser tous les matins, lui dire bonne nuit chaque soir. Et qui sait ? Peut-être fonder une famille !
Seul le bruit des vagues résonnait dans le calme de la ville. Quand soudain, une grande ombre de dessina dans le brouillard, et s'arrêta au bord du port. Dans le silence qui le définissait, personne ne s'en rendait compte, et ne vallait mieux pas s'embrouiller pour une gêne.
Quand des bruits d'hommes se firent entendre, Danaël saisit son grappin et avec force et rapidité, il atterrit sur le pont, et sortit son arme. Tous les membres de l'équipage dégainent leur épées, mais restent silencieux.
-Qui aurait, parmi vous, l'amabilité de me conduire jusqu'à votre capitaine ?, demande Danaël, avec toute la politesse qui le définit.
-Tu n'as rien à faire là, Danaël !
La voix féminine résonna, et brisa tous les doutes. Danaël restait fasciné devant sa beauté, la prestance avec laquelle elle descendait les marches. Vêtue d'un long manteau noir et d'une épée accrochée sur son flanc, Jadina rayonnait. Dans sa contemplation, Danaël baissa son arme.
-Je ne veux pas d'embrouilles, Jadina ! J'ai à te parler. C'est à propos d'une mission.
-Il y a longtemps que je ne fais plus de ''missions'', Danaël ! Je me fiche du sort des gens de tel ou tel village.
-Moi aussi. Mais si je te dis que c'est mon chef qui m'a ordonné de mettre à l'arrêt ton navire et son équipage, ainsi que t'interroger ?!
La capitaine pâlit un instant. Mais si elle était inquiète, elle n'en montra rien. Elle chuchota quelques mots à un gaillard, et reporta son attention sur Danaël.
-Bien. Suis-moi.
Elle tourna les talons, et Danaël dut courir pour la rattraper. Elle le conduisit jusqu'à une porte en bois, avec un hublot qui donnait vue sur la pièce derrière. Sans prévenir, elle s'arrêta et fit volte-face devant lui, et ils se retrouvèrent collés l'un contre l'autre. Éberlués, ils se bougèrent pas d'abord, puis leurs joues s'embrasèrent.
Amusé, Danaël se pencha tout près de son visage, mais elle lui foutu une claque douce.
-N'y pense même pas !
Elle se tourna, dos à lui, puis chercha la clé pour ouvrir la porte. Décidé à la taquiner, Danaël posa ses mains sur les hanches bien dessinées de Jadina, qui poussa un cri de stupéfaction.
-Arrête ça, ou je te jette aux requins !
Férocement, elle ouvrit la porte, s'assit sur une chaise en bois, et posa ses pieds dessus, comme une vraie pirate.
Danaël l'imita, sans mettre ses pieds, lui.
-Bon. Accouche., le presse Jadina.
-Il t'est reprochée de piller des ports, magasin de luxe et bijouteries. Tu vois de quoi je parle, évidemment ?
-Mmm, c'est en partie vrai. Or, les ports ne sont pas surveillés. Alors, tu peux prendre tout ce que tu veux ! Je prends ce qui peut être pris. Point.
-Tu es au courant que ça peut te coûter cher ?!
-À ta place, je m'attarderais sur les vraies affaires. Tu sais, celles qui en valent la peine ?
-Jadina, mon chef ne sera pas aussi clément que moi ! Alors rembourse ce que tu as volé.
Le regard dur, elle se leva à la vitesse de l'éclair.
-Pour qui te prends-tu ?! Tu crois avoir du pouvoir sur moi ?! Une stupide propriété sur mes agissements ?! Tu n'as rien, Danaël !!! Alors ne joue pas à me donner des ordres, car tu es sur mon navire. Mon navire, mes lois ! Et je te conseille pas d'essayer de les enfreindre.
À son tour, Danaël se leva, prêt à lui tenir tête.
-Tu oublies que je suis un homme, et que comme les trois-quart de la population masculine, j'obéis à qui je veux. Je ne me plierai pas à toi et à tes lois, en revanche, je te respecterai. Car c'est tout ce que je te dois ici.
Sur les nerfs, la capitaine se jeta sur lui et le plaqua contre le mur, avec une telle force que le chevalier gémit de douleur.
-Tu reviens avec ce ton hautain après des années... Comme c'est minable !
Compétant, le blond se défit de l'emprise de la brune, et avec technique, inversa les positions.
-Je ne veux pas me battre, Jadina. Et le respect va dans les deux sens. Je te respecte, et tu me respectes.
Telle une guerrière, Jadina libéra toute sa rage et lui asséna un coup de poing dans le visage, ce qui fit fléchir Danaël. Elle comptait lui en donner un deuxième, mais rapide comme l'éclair, Danaël la frappa au genou. Elle hurla de douleur, et se jeta sur lui, avec un cri de colère. Dans leur bagarre, un pot de vase se fracassa en mille morceaux par terre. Blessée au bras, la capitaine se rendit compte que son manteau noir était déchiré là. Avide de vengeance, elle tenta de le frapper encore, mais il l'emprisonna dans ses bras, dos à elle, un couteau sous la gorge.
-LÂCHE-MOI !!!, se débat-elle.
-Mais calme-toi bon sang ! Ça ne sert à rien de se battre ! On est pathétiques !
-C'est à cause de toi ! Toi, tes mensonges ! Tu m'as abandonnée !!!
Sous le choc, le chevalier lâcha son emprise sur elle, qui toussa légèrement. Il ranga son couteau.
-Tu ignores tout de la vérité ! Mais ce n'est pas faute d'avoir essayé de te la dévoiler ! Tu as refusé de m'écouter !, se justifia Danaël, la douleur dans la voix.
-Parce qu'elle fait mal ! Je refuse de souffrir encore !
-Et si tu m'écoutais un peu au moins !
-Pour entendre de plates excuses ?!
-J'aimerais qu'on se pose, et qu'on discute ! Il y a encore quelque chose à sauver j'en suis sûre !
-Il y a plus rien à sauver ! Plus rien qui ne vaut la peine de se-
-Maman ?
La jeune femme écarquilla les yeux, et tourna la tête vers la voix enfantine. Danaël aussi, tout aussi étonné. Arrivée par le couloir, une petite fille blonde aux yeux verts, en chemise de nuit et son doudou dans la main, attendait debout.
-Maman ? Qu'est-ce qui se passe ?
Inquiète, Jadina courut vers la jeune fille.
-Ce, ce n'est rien ma puce. Tu es déjà réveillée ?, demanda-t-elle en se mettant à sa taille.
-Oui, j'ai entendu du bruit... Tu es blessée maman ?!
Elle pointa du doigt la fente sur le manteau, et le sang qui coulait.
-Je suis tombée, c'est tout. Rien de grave ! Va t'habiller...
-C'est qui lui ?, demande la petite en pointant du menton Danaël, qui restait figé.
-Personne. Allez, va !
Quand la petite disparut enfin, Danaël osa aligner une phrase.
-Tu, tu es mère ?
-Oui. Et ?!
-Mais, mais de qui ?!
-Il peut y avoir plusieurs possibilités, mais tu n'en fais pas partie !, railla la brune.
-Quel âge a-t-elle ???
-Ne te mêle pas des affaires qui ne te regarde pas ! Laisse ma fille tranquille.
-Jadina, je ne peux pas ! J'ai trop de questions !
-Elle n'a rien à voir avec toi. Clair ?!
Touchée, elle flanqua la porte derrière elle. Bouche bée, Danaël dut s'asseoir sur une chaise, sous le choc de sa découverte.
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Plus tard, Danaël restait en retrait des autres. Le bateau avait quitté le port, et Danaël avait choisi de rester. Techniquement, sa mission était de faire changer l'avis de Jadina, maintenant qu'il a la confirmation qu'elle est responsable. Mais, il avait dit à Jadina qu'il devait rester pour atteindre leur prochaine destination. Cette explication s'avère être un mensonge, un motif pour rester plus longtemps. Il ne s'agissait pas d'une mission professionnelle, mais d'une mission personnelle. Danaël voulait reconquérir Jadina, et en apprendre plus sur sa fille.
D'ailleurs, alors qu'il suivait le cours des vagues, quelqu'un lui tira la manche. Il se retourna, mais fut obligé de baisser la tête.
-C'est toi qui a blessé ma maman tout à l'heure ???
C'était justement sa fille, habillée d'une combinaison en jean et une veste. Elle avait les mêmes yeux perçants que sa mère.
-Elle est tombée, comme elle te la dit !, lui répondit-il en se mettant à sa taille.
-Maman est bizarre depuis qu'elle t'a parlé. J'espère que tu veux pas lui briser le cœur, parce que sinon je te coupe la tête !, le menace-t-elle, les mains sur les hanches.
-Eh bien, je vais devoir faire attention, au risque de me faire tuer !, joue-t-il.
La petite se mit à rire, et Danaël resta un moment à l'admirer. Il ne savait pas pourquoi, mais il avait un lien avec elle. Il ne savait pas quoi.
-Tu t'appelles comment ???
-Danaël. Et toi ?
-Mia.
Danaël se figea.
-Qu'est-ce que tu as ?
-... Rien c'est juste que...j'avais dit à ta mère que si j'avais une fille, un jour, je l'appellerai Mia. Parce que, j'adore ce prénom !
-Hihi oui il est beau mon prénom ! Eh mais attends, Danaël... Tu es le chevalier des rêves de maman ???
Il rougit un peu, et cela confirma ses doutes.
-Ça doit !
-Maman a marqué dans son journal intime qu'un Danaël la faisait rêver, et qu'elle espérait pouvoir l'aimer encore un jour...
-...Dis à ta mère que je viendrai toujours embellir ses nuits. D'accord ?
-Tu es amoureux d'elle ?
-Je laisse le privilège à ton père !
-...je n'en ai pas... Maman dit qu'il est loin... Mais j'aimerais bien en avoir un... Puis, j'espère qu'il est blond, parce que de tout l'équipage, je suis la seule à être blonde !
Danaël ria de bon cœur, et saisit doucement la main de la petite.
-Tu n'es plus seule, maintenant ! Je suis blond aussi !
-Mais tu ne vas pas rester longtemps...
-Je resterai longtemps si tu veux que je reste.
-Oh oui ! Ça serait cool !
-MIA !!!
Par peur, la petite blonde sursauta, et se cacha sous la grande cape qui tombait sur le dos de Danaël.
-Dis à maman que je suis pas là !
Plié au jeu, Danaël resta droit comme un piquet, lui-même effrayé par l'expression fâchée de son ex-femme. Toujours vêtue de son long manteau noir, la capitaine était resplendissante. Son décolleté attira notamment le regard de Danaël.
-Où est-elle ?!
-Qui donc mon trésor ?
-Ma fille. Mia.
-Mmm, pas ici visiblement !
-Ne me mens pas ! Je l'ai vue te parler !
-Navré ma princesse, je ne l'ai pas vue.
La jeune femme lui souria faussement, puis tourna les talons.
-Ce prénom ne m'est pas étranger !, lança Danaël.
Jadina s'arrêta, puis se retourna à moitié.
-Je sais.
-Je t'ai toujours dit que si j'avais une fille, je l'appellerais comme ça.
-...j'aimais bien ce prénom. Ça n'a aucun rapport avec toi !
-Je n'y crois pas.
-Crois ce que tu veux. Peut-être auras-tu la chance de nommer ton enfant ainsi, avec une nouvelle femme !
-C'est toi que je veux. C'est toi que j'aime.
-Désolée Danaël. Mais, il ne fallait pas merder.
Elle s'en alla pour de bon, cette fois-ci. Danaël aurait voulu la rattraper, mais Mia était recluse sous sa cape. Elle en sortit après.
-...maman ne t'aime pas ?
-...ah tu sais... J'ai fait beaucoup d'erreurs avec ta mère... Je comprends aujourd'hui qu'elle ne veuille plus de moi..., avoue-t-il, déçu.
-Tu as fait crac crac avec une autre femme ?
Son expression implicite provoqua le rire de Danaël.
-Non, je l'aimais trop pour ça !
-Alors tu as fait quoi ?
-Je lui ai menti... Sur mon travail, sur mes volontés... Et, quand les mensonges s'accumulent, on ne peut plus les excuser.
-Maman a écrit dans son journal qu'elle n'aimerait jamais personne d'autre que le ''blondinet de ses rêves'' !
-Tu lis le journal intime de ta maman toi ?, s'intrigue Danaël avec une pointe d'humour.
-Chut, c'est un secret !
Tout à coup, un grand bruit retentit.
-Qu'est-ce que c'est ?
-Vite ! Il faut se cacher !
La petite intrépide prit la main de Danaël et le fit courir jusqu'à sa chambre, puis ferma à double tour.
-Qu'est-ce qui se passe Mia ?
-Le bateau en a rencontré un autre. Maman doit faire des échanges de marchandises, mais quelques fois, ça part en cacahuète. Alors maman m'a ordonné de me cacher dans ma chambre.
-Je veux y assister.
-Non ! Reste avec moi !, le supplie-t-elle.
-Mia, tu ne risques rien ici ! Je reviens vite, d'accord ?
Bien que triste, Mia lui donna la clé, et Danaël se rua sur le pont.
Effectivement, un autre bateau pirate était proche de celui de Jadina, et le capitaine de l'autre navire discutait avec elle. L'équipage se dévisageait, mais chargeait mutuellement leurs caves de provisions et matériaux.
Quand Jadina aperçut Danaël, elle regarda autour lui, inquiète. Elle cherchait sa fille. Elle conclut avec le capitaine, puis courut vers lui.
-Où est Mia ???
-Dans sa chambre, comme tu le lui a enseigné.
Elle soupira de soulagement.
-C'est légal, tout ça ?
-Les échanges entre pirates concernent et ne reviennent qu'au réseau des pirates. Le gouvernement n'a aucun droit là-dessus. Alors, oui c'est légal chez nous.
-Jamais je n'aurais cru te voir dans ce trafic un jour... Tu as bien changé.
-À qui la faute ? C'est toi qui m'a changée. Je détestais avaler des mensonges à longueur de journée. Au moins ici, les règles sont posées et figées.
-Et si je te dis que je regrette ? Tu me pardonnerais ?
-Il te faudra bien plus que ça pour obtenir mon pardon.
-Donc, je peux toujours l'obtenir. Il n'est pas trop tard.
Ne sachant pas quoi répondre, Jadina le laissa et partit en direction des chambres.
Elle y retrouva sa fille, en boule sur son lit, son doudou avec elle. La jeune maman prit sa fille dans ses bras, et elle restèrent un long moment à s'enlacer, en ne disant rien. Au bout d'un moment, Mia interrogea sa mère.
-Tu as été amoureuse de Danaël ?
Déstabilisée par cette question, Jadina racla sa gorge.
-Oui, je l'étais autrefois.
-Lui, il t'aime toujours ! Pourquoi tu ne te remets pas avec lui ?
-Parce que, c'est...compliqué, chérie ! Les sentiments... c'est complexe.
-Tu mens. Dans ton journal, c'est pas ce que tu dis !
Jadina regarda Mia avec un air d'étonnement.
-Comment ça ?! Tu lis mon journal intime ?!
-Je sais que c'est pas bien, mais je voulais le lire.
-Et de quel droit ???
-Je pensais y trouver le nom de papa...
Ne pouvant pas lui en vouloir, Jadina soupira.
-J'ignore qui c'est, trésor.
-Non, tu sais qui c'est ! Tu ne parles que de Danaël ! Il n'y a eu que lui !
-Écoute Mia. Danaël reste...un homme très gentil. Mais il m'a fait beaucoup souffrir et, je ne veux pas souffrir encore...
-Il faut que tu tournes la page maman ! Malgré tout ce que Danaël t'a dit, qu'il veuille s'excuser et t'expliquer, tu le rejettes ! Mais moi, ça m'a fait plaisir d'entendre un homme t'appeler ''princesse'' !
La jeune femme essuya une larme qui coulait, et lui dit :
-Tu sais ma chérie, Danaël est le seul homme de ma vie. Mais, j'ai du mal à lui pardonner... Ce n'est pas une question de sentiments c'est...autre chose.
La petite pirate hocha la tête, et en voyant la détresse émotionnelle de sa mère, préféra s'arrêter.
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PDV Danaël
Le soir tombait. Après avoir pris ma douche, je remontais sur le pont, et cherchais Jadina du regard. Je l'aperçu au gouvernail, et la rejoignis.
J'étais éberlué de la voir toujours avec son manteau noir brodé de motifs, mais aussi un décolleté plongeant, qui avait le don de la désirer encore plus.
-Ce ne sont pas les vagues les plus magnifiques ce soir !, la contemplais-je.
-Ce n'est pas ton honnêteté aussi pour le coup !, rétorque-t-elle.
Je riais de bon cœur, et m'accoude sur le rebord.
-Plus sincèrement, tu es magnifique Jadina. J'aime te voir rayonnante comme ça.
-...merci.
Oh ! Elle vient de me remercier ?!
-Tu viens de me remercier là, ou je rêve ?, plaisantais-je en m'approchant d'elle.
-Ah... Quelques fois, les enfants font changer d'avis !
-Ta fille est incroyable. Elle a ta persévérance, et la beauté de sa mère..., lui dis-je.
Je posais délicatement mes mains sur ses hanches, et cette fois-ci, elle ne m'attaque pas. Elle ne bouge pas.
-...je t'ai menti tout à l'heure..., lâche-t-elle.
-À quel sujet, ma belle ?
-Pour le prénom... Tu avais raison, je l'ai nommée ainsi parce que je savais que tu aimais ce prénom. Et, ça me permettait de garder quelque chose de toi, en quelques sortes..., m'avoue-t-elle, en baissant la tête.
-Je ne t'en veux pas... Et, ce mensonge-là, peut être excusé, lui. Je t'en ai dit tellement, que je ne saurais même pas par lequel commencer...
-Il y a un mensonge encore plus important que celui-là.
Elle se retourne, pour me faire face, mais je ne change pas ma position.
-Oui. Vas-tu enfin me dire qui est le père de cette petite ?
Visiblement, ce n'est pas à cette question qu'elle s'attendait.
-...ça, je ne peux pas te le dire. Or, je peux juste t'affirmer que je sais qui c'est.
-Enfin Jadina ! Mia mérite d'avoir un père ! J'ai grandi sans le mien, et crois-moi, l'enfance devient un fardeau ! Tu ne veux pas ça pour elle, je le sais.
-Non, évidemment ! Mais...pour la première fois de ma vie, j'ai du mal à accepter ma peine tu comprends ? Je n'arrive pas à avancer, je reste bloquée dans le passé ! Et ça me tue...
-Si tu m'en parlais, hein ? Comme avant...
-C'est justement le comme avant que je cherche à oublier... En fait, je veux pouvoir tourner la page, et en même temps...pouvoir t'aimer encore...
Ses mots résonnèrent dans ma tête, comme si c'en était entêtant. C'étaient eux que j'attendais. Je la serrais encore plus contre moi, pour ne laisser aucun espace entre nos deux corps. Attirée près de moi, elle posa ses mains sur mon torse.
-Parce qu'au final, j'ai toujours des sentiments pour toi, mais, je suis terrifiée à l'idée que l'enfer que nous avons vécu recommence... C'est une deuxième chance à risque, pour moi.
-Je comprends. Et pourtant... Nous sommes faits l'un pour l'autre. Nous avons tant vécu qu'il nous est impossible de trouver quelqu'un d'autre ! Jadina, on peut surmonter tes peurs ensemble ! Et je m'engage à ne pas faire les mêmes erreurs qu'autrefois... Parce que te perdre est la pire chose qui se soit produit dans ma vie...
Une larme coula doucement sur sa joue, plusieurs la suivirent. Je relevais son menton, et au moment d'enfin pouvoir l'embrasser, Mia nous interrompt.
-Maman tu es... Oh pardon !, s'exclame-t-elle en se cachant les yeux.
Je ne sais si je dois trouver ça mignon, ou juste relou.
Jadina me lâcha un regard désolé, et s'écarta de moi.
-Qu'est-ce qu'il y a ma chérie ?, demande-t-elle en se mettant à hauteur de Mia.
-Euh, bah je voulais te dire que j'avais besoin d'aide pour mon exercice de maths.
-Mmm, je ne suis pas très douée pour les maths... Mais, Danaël est très fort dans cette matière ! Il va t'aider !
-Oh oui ça serait super !
Mia se mit devant moi, et leva la tête, du haut de ses trois pommes.
-Tu veux bien ? Dis oui s'il te plaît !
-Je n'ai pas le choix, apparemment !
-Chouette !!!
Elle m'entraîna jusqu'à sa chambre, sous le regard médusé de sa mère.
Elle avait déjà préparé une chaise à côté de la sienne, près de son bureau.
Je m'y assis, et elle me tendit son cahier. Je lis l'énoncé, lui explique calmement et de façon la plus claire possible, puis elle rédige sous mes yeux admiratifs.
-Tu ne vas pas à l'école ?, lui demandais-je.
-Non. Comme on navigue tout le temps, je ne serais presque jamais présente en cours. Alors, maman m'achète des cahiers avec des exercices dedans, et quelques fois, elle joue à la maîtresse avec moi.
-Mais, tu aimerais y aller, toi ?
-Je sais pas trop... J'aime l'environnement de la piraterie, parce que je suis bercée dedans depuis que je suis petite ! Et, j'ai peur de souffrir, et de voir d'autres enfants qui parlent de leurs pères...
Mon cœur se brisa. C'est tellement injuste pour elle.
-Regarde-moi trésor., lui dis-je en tournant sa chaise vers moi.
Tu sais, j'ai grandi sans parents, moi.
-Ah bon ?!
-Oui. Ma mère, je ne l'ai pas connue, et mon père, il est mort au combat. Donc je sais ce que ça fait, de grandir orphelin. Toi, tu as ta mère, donc tu n'es pas orpheline. Une chance ! Mais tu souffres de ne pas avoir de père...
-Oui... Il y a des trucs qu'un père fait avec son enfant, et que maman ne peut pas remplacer...
-Et, qu'est-ce que tu aimerais faire, toi ?
-Bah, jouer avec lui ! Lui faire des câlins, lui parler... Et qu'il m'aide à faire mes devoirs ! Des choses normales qu'un père fait...
-Tu sais trésor, par moments, la vie est injuste. Et il faut l'accepter. Pour toi c'est plus dur, car tu es une enfant. Mais tu comprendras plus tard qu'il faut savoir accepter les choses, même les plus dures. Maintenant, il faut espérer que ta mère sache qui est ton père.
Des larmes tombèrent de ses yeux bleus, et faillirent provoquer les miennes.
-Et si elle ne sait pas ? Je passerai toute ma vie sans papa ?
-Non ma chérie. Je serai là, moi. Je viendrai souvent, je jouerai avec toi, et je t'apporterai des cadeaux ! Même si je ne suis pas ton père, et même s'il ne se manifeste jamais, je comblerai ce manque, pour toi. D'accord ?
Elle hocha la tête et grimpa dans mes bras. Je la serra fort, et elle pleura contre moi. Mais le sentiment que je ressentais à cet instant ne certifiait qu'une chose : j'ai un lien avec elle.
Je le sais, je le sens, je suis le père de Mia.
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PDV Jadina
Je descendais dans la chambre de Mia, trouvant étrange qu'un exercice prenne autant de temps. En ouvrant la porte, je ne m'attendais pas à voir ce genre de scène :
Danaël dormait, Mia sur son torse, tendrement endormie, lui faisant un câlin. Ils étaient dans le lit de Mia.
Je posais ma main sur mon cœur. Jamais je n'avais vu Mia dormir si apaisée, même avec moi.
Je m'approchais, et je les pris en photo. Mon appareil sortit la photo tout de suite, et je la rangea dans ma poche.
Malgré ma rancœur encore présente pour Danaël, je ne peux que me délecter de ce genre de moment. Mia est heureuse avec Danaël. Je ne peux le nier.
Tandis que je les observais, Danaël ouvrit les yeux, et fut surpris de me voir. Je mis les mains sur les hanches, comme si j'exigeais des réponses. Il déposa délicatement Mia sur l'oreiller, et déposa un bisou sur ses cheveux blonds. Je fis semblant de ne pas être touchée par ce geste, même si c'était évidemment le cas.
Il me suivit jusqu'à la chambre d'à côté, la mienne, et je fermais la porte.
-Tu m'expliques ?, le questionnais-je.
-Eh bien, Mia était très triste, alors je l'ai consolé, et elle voulait qu'on fasse une sieste ensemble. Elle s'est endormie sereine, et moi aussi.
-Comment ça, très triste ???
-Ta fille souffre terriblement de ne pas avoir de père. Et encore heureux que tu ne l'envoies pas à l'école, cette petite refuse de voir d'autres enfants parler de leurs pères, tellement elle est en manque !
Je blêmis. Ma fille souffre ? Et je ne l'ai pas vu... Du moins, pas à ce point-là ? Je reculais, perdue. Danaël soupira et me saisis les mains.
- ...je suis une mère horrible...
-Non, bien sûr que non, mon cœur ! Et Mia ne dira pas le contraire. Mais, il est temps que tu dises la vérité.
-...j'ignore si j'en suis capable...
-Je sais, mais je vais te faciliter la tâche. Je sens que j'ai un lien avec Mia. Elle a tout de moi ! Elle me ressemble ! Je ne te demande pas d'explications, je te demande juste de répondre oui ou non. Mia est-elle ma fille ?
Je dus m'accrocher à ses avant-bras, de peur de tomber à la renverse. Il me suppliait du regard. Il était temps de dévoiler la vérité.
-...Oui. Tu es bien son père.
Il baissa la tête, puis sourit. Les larmes aux yeux, Danaël hocha la tête.
-Tu ne peux pas savoir à quel point je suis heureux... Mia est si parfaite et... je ne saurais rêver mieux !
-Je, je suis désolée de t'avoir caché ma grossesse, de t'avoir privé de l'accouchement et d'elle bébé... Pardon Danaël... Pour tout...
Il enveloppa mon visage de ses mains.
-Je ne t'en veux pas, ma princesse. Tout ce que je veux, c'est être présent dans sa vie, et être là pour notre prochain enfant.
-...notre ?
Je n'eus pas le temps de poser de question, qu'il plaqua ses lèvres sur les miennes et me souleva dans ses bras. Je gémis de bonheur. Je m'agrippais à ses cheveux, et mêlaient mes lèvres avec les siennes. Nous restâmes quelques instants front contre front, quand Mia entra dans la pièce.
-...alors ça y est ? J'ai un papa ?
-Le papa le plus légitime qui soit ! Viens dans mes bras ma chérie !
Danaël courut vers elle et la fit virevolter en l'air et il la parsema de bisous.
-C'est bien toi, au final ?
-Oui ma puce... Et je respecterai ma promesse envers toi... Je serai là, et tu ne souffriras plus jamais...
-Je t'aime, papa..., lui déclare Mia en posant ses petites mains sur les joues de Danaël.
-Moi aussi je t'aime ma petite princesse !
Après leur long câlin, je m'avance et prends la main de ma fille.
-Chérie, je te dois des excuses... Je t'ai caché l'identité de ton père, par peur de souffrir, moi. J'ai été égoïste... Et, je te demande pardon...
-C'est rien maman... Maintenant que papa est là, je veux qu'on soit réunis tous les trois ! Et que vous soyez amoureux... Je te pardonne...
J'embrasse ma fille, et Danaël m'embrasse à son tour. Je leur tends la photo que j'ai prise, et ils rient tous les deux de leur tête.
-Alors ? Que veux-tu faire en premier ?, lui demande Danaël.
-Un restaurant ! Mais avec des sushis !
-Ahah très bien, alors, je sais où aller !
Nous passâmes une très bonne soirée, la douleur effacée, l'amour réapparu.
{Fin}