Chapitre 6 : premiers pas à l’internat
Résumé du chapitre précédent :
Shimy fait son entrée à l’internat. Elle a la joie de découvrir que son amie Ténébris partage sa chambre, en revanche, elle est agacée de savoir que des garçons y dorment aussi et que l’un d’entre eux est Gryf, personne que, je le rappelle, Shimy déteste, pour une raison…ma foi assez floue. La directrice convoqua alors les élèves pour instaurer les règles, puis les lycéens eurent droit à un temps libre avant de manger…
La chambre était composée de quatre lits superposés sous lesquels étaient installés un bureau.
Les occupants rangeaient leurs affaires tout en discutant (pour certains).
— Moi, j’ai choisi de venir ici, racontait Danaël en déballant ses affaires. Mes parents me l’ont proposé et j’ai alors songé que ce ne serait pas si mal. »
Garçon blond et timide, très cultivé, poli et serviable, de grands yeux océan et à l’excellente élocution, il avait immédiatement plu à ses colocataires féminines, contrairement à Gryf.
— Moi, j’ai signé sans faire gaffe, fit celui-ci en haussant les épaules.
— Preuve de ton intelligence, railla Shimy depuis son lit.
— Dit la fille qui s’est faite virée de chez elle, rétorqua le rouquin.
« Je te réserve une claque pour tout à l’heure, crétin », songea Shimy en serrant les poings.
Ténébris leva les yeux au ciel et ouvrit son sac, qui bougeait depuis un petit quart d’heure déjà.
Un petit museau et de grands yeux jaunes en sortirent, suivis de deux adorables petite pattes.
Hoshi se frotta à elle, puis sauta de son lit superposé et bondit sur celui de Shimy avant même que Ténébris n’ait pu esquisser un seul geste.
Pour l’avoir déjà vue en compagnie du félin, son amie le reconnu aussitôt.
— Hoshi ! Ils acceptent les animaux de compagnie, ici ? demanda-t-elle en le caressant.
— J’crois pas…mais pourquoi le staff devrait le savoir ?
— Wahou, il est trop cute ! s’extasia Gryf en s’approchant du lit.
— Ôte tout de suite tes pattes de ma couette, saleté ! gronda Shimy en levant le poing.
— J’ai un nom, tu te souviens ? Ah, tu as une mémoire courte, peut-être ? répliqua placidement le concerné.
« Deux baffes ».
Une cloche tinta dans le couloir, dispensant Shimy de formuler une réponse.
— Qu’est-ce que c’est ? s’enquit Danaël en ouvrant la porte.
Dehors, les étudiants filaient déjà vers le bout du corridor.
— C’est la cloche, fit laconiquement une fille aux cheveux gris perle mèchés de rouge vif en passant près d’eux.
— Mais encore ?
— Le souper.
— J’ai bien entendu…souper !? s’exclama Gryf en glissant sa tête dans l’entrebâillement de la porte.
Il se rua dans le couloir, Danaël à sa suite, et disparut bientôt dans la foule d’élèves.
Shimy et Ténébris sortirent, elles, avec plus de calme.
En suivant la vague, elles atteignirent le réfectoire, une grande pièce en longueur emplie de tables de différentes tailles.
— Regarde, Shi’ ! Voilà Solaris ! fit soudainement Ténébris en attrapant son amie par la manche.
Leur amie était installée à une table de taille moyenne à laquelle étaient déjà assis des amis à elle, des élèves de dernière année dont Regen, une mince jeune fille aux cheveux améthyste et au ravissant petit nez. Elle portait toujours ses petites lunettes en croissant de lune, qui cachaient partiellement ses yeux violets ainsi que son traditionnel serre-tête noir qui datait du deuil de son arrière-grand-père.
— Salut les filles ! s’exclama Solaris.
Sa peau foncée créait toujours un magnifique contraste avec ses cheveux neige étincelants qui brillaient sous la lumière du réfectoire.
— Hello ! Vous aussi vous vous retrouvez là ? plaisanta Ténébris.
— Faut croire que oui. Tiens, moi, mes parents sont rentrés un soir en disant : « Coucou ma chérie, on a une bonne nouvelle : tu vas aller à l’internat, ça va être cool, Regen et Asuka y sont déjà…», et bla-bla-bla, et bla-bla-bla. Franchement, ça me fait ni chaud ni froid, expliqua Solaris en haussant les épaules.
— On ne m’a pas demandé mon avis, à moi, fit timidement Regen.
— Je me suis littéralement faite virée de chez moi, renchérit Shimy.
Tous les regards convergèrent soudain vers Ténébris.
— Euh…oui ? demanda celle-ci.
— Eh bah ? Comment tu te retrouves là, toi ? la questionna Solaris.
Son interlocutrice s’empourpra.
— Je…euh…
— Tu…?
— CHERS ÉTUDIANTS !! tonna brusquement une grosse voix.
Silence dans le réfectoire. Tous les regards s’étaient tournés vers le tonitruant professeur McDeus.
Appréciant le silence avec une mimique satisfaite, il parcouru la salle de son regard perçant.
Immense, bien bâti, la peau légèrement bronzée et les cheveux bruns foncés, il arborait une fine et élégante moustache de la même teinte, taillée à l’anglaise.
Réputé pour être intransigeant et sévère, il était la terreur des élèves. Ses cordes vocales pouvaient atteindre une puissance colossale et il n’hésitait pas à s’en servir.
Selon les élèves de dernière année, le concept de l’empathie lui serait complètement étranger.
— Je vois que vous n’avez pas reçu les consignes, reprit le professeur. Vous ne devez rester en contact qu’avec les élèves de votre année. Au réfectoire, vous êtes à table avec des personnes de votre niveau. »
Des murmures s’élevèrent dans la salle.
— Silence ! On ne discute pas les ordres. Je vous demande donc de changer de tables, et pour ceux qui n’ont pas remarqué, il y a un panneau avec le niveau que vous devez avoir sur chacune d’entre elles. Bon appétit, conclut-il.
Les étudiants changèrent donc de place, non sans grogner.
Après avoir salué leurs amies, Shimy et Ténébris se rendirent donc à une table où étaient déjà placés Astridh, Halcyon, Galatée et Käj, tous d’anciens camarades des deux filles.
— Heeeey, Mouflette ! Comment ça va ? plaisanta Halcyon avec un grand sourire.
De caractère lunatique (= change d’humeur et d’émotion brusquement et fréquemment), celui-ci était pour l’instant de bonne humeur, probablement parce qu’il était assis à côté de Galatée, une jeune marseillaise à l’étonnante teinture mauve dont il était sûrement et secrètement (enfin, pas si secrètement que ça) amoureux. .
— Ow mais laisse-la, bondiou ! s’indigna celle-ci en lui donnant une petite tape à l’épaule. T’inquiète Téné, fit-elle ensuite, il est toujours aussi chtarbé ç’ui-ci. »
Celle-ci sourit.
La comparaison remontait à la CM2, lors d’une sortie en forêt avec la classe. Shimy était présente, ainsi (hélas !) qu’Halcyon.
Il faisait trèèèès froid, et une fine couche de givre recouvrait le sol tel un tapis blanc. Tous les élèves étaient bien équipés ; gants, écharpes, bonnets, bottes et un cahier de notes (crayon inclu).
Leurs professeur de l’époque, Mme Maker, leur avait demandé de trouver et relever des traces d’animaux dans la neige.
Ténébris s’était alors lancée sur la piste d’un petit animal, à en juger les traces, ce qui l’avait conduite à un petit terrier. Elle avait appelé Shimy, qui avait accouru au triple galop et elles avaient relevé les empreintes dans leur cahier.
En regardant à l’intérieur du terrier, Ténénbris avait aperçu une petite moufette qui la regardait avec des yeux curieux.
Shimy avait couru prévenir Halcyon de leur petite découverte, pendant que son amie restait défendre leur terrain et tenter de faire sortir le petit animal.
Lorsque leur camarade était arrivé, celui-ci avait eu une idée : pourquoi pas glisser sa main avec de petites graines pour l’appâter ?
Ni une ni deux, il avait sorti de sa poche une petite boîte pleine de miettes de popcorns.
Ténébris les avait prises en main, mais avait finalement décidé de les poser sur sa moufle, qu’elle avait ensuite introduite dans le terrier.
La moufette s’était approchée, méfiante, et avait grignoté les miettes avant de retourner s’enfouir dans son trou.
Ténébris avait ressorti la moufle, puis, toute excitée, elle l’avait réintroduite dans le terrier.
La moufette était revenue la renifler, et la jeune fille l’avait agitée devant l’animal, qui s’était empressé de lui tirer un gigantesque pet dans la figure.
Secoué de rire, Halcyon avait fait l’astucieuse association de « moufette » et de l’appât, « moufle ». Depuis, Mouflette était le surnom de Ténébris.
Celle-ci fut tirée de ses pensées par un fou rire qui faisait le tour de la table.
Visiblement, elle venait de louper une conversation très drôle.
En regardant en face d’elle, Ténébris vit Shimy se pencher à l’oreille de son voisin.
— Arrête de la regarder avec ces yeux là, souffla-t-elle malicieusement à Halcyon.
— Quoi ? Qui, Galatée ? Attends…Watt ?? Comment je la regarde ??
— Avec des yeux en forme de cœurs. Elle est plus lucide que ce que tu crois, imbécile !!
________
la suite chez ShimyandGryf16 !!